mardi 7 février 2012

Et la légitimité, nom de dieu ?


La légitimité. Voilà la vraie prise de tête. 

Qui est légitime pour écrire ? Pour aborder quel sujet ? Comme beaucoup, j’ai passé longtemps à cogiter, à échafauder des théories sur tout et n’importe quoi. J’ai, dans ma petite tête, sauvé le monde un nombre incalculable de fois, je l’ai arraché aux aliens, aux nazis, aux terroristes religieux et à d’inhumains corporatistes. Mais j’ai toujours eu la peur embarrassante du clavier et du texte qui donne corps à ces fantasmes, et qui ce faisant, menace de les dévoiler dans toute leur fatuité et leur vanité.
Les géants dont on rêve deviennent, couchés sur le papier, dérisoires et rampants. L’épreuve de la relecture revêt alors le caractère humiliant de celle, idoine, d’entendre après enregistrement sa propre voix qu’on imaginait pas si chevrotante et fausse. L’ego se fige alors d’horreur  et se flagelle, piteusement, d’avoir osé imposer une telle médiocrité au monde.
C’est là qu’on est sensé devenir adulte et cesser d’avoir peur du ridicule. Une force se nourrie d’un peu de désenchantement, d’abnégation, et du peu d’arrogance que l’expérience nous permet d’acquérir. Elle nous donne l’élan pour sauter l’obstacle. Elle nous donne ce qu’il faut de désespoir pour accepter le risque ultime : celui d’avoir l’air bête.
Dont acte. Je suis bientôt trentenaire, et il est temps de grandir.
Ecrivons.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire