tag:blogger.com,1999:blog-53558163528029920372024-03-13T18:11:29.542+01:00Poche intérieureVous êtes ici dans mes poches.
Je vous remercie donc d'être indulgent envers tous les débris que vous pourriez trouver ici.
Parfois, mes doigts s'agitent sur les histoires de ce monde énervant. Pour le reste, l'économie, l'histoire, et l'analyse des bases du système, vous y trouverez des info sur des gens qui en parlent tellement mieux que moi.
Bienvenue.Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.comBlogger20125tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-36929540186097895882015-01-09T13:46:00.004+01:002015-01-09T13:46:57.268+01:00De la juste colère athéiste...Bon, comme je vois passer beaucoup de cris de guerre à gauche, désignant "la religion" comme notre pire ennemi, je voudrais refaire lire le texte suivant. Il date de 1909.<br />
<br />
"Pourquoi la religion se maintient elle dans les couches arriérées du prolétariat des villes, dans les vastes couches du semi-prolétariat, ainsi que dans la masse des paysans ?<br />
<br />
Par suite de l'ignorance du peuple, répond le progressiste bourgeois, le radical ou le matérialiste bourgeois. Et donc, à bas la religion, vive l'athéisme, la diffusion des idées athées est notre tâche principale.<br />
<br />
Les marxistes disent : c'est faux. Ce point de vue traduit l'idée superficielle d'une action de la culture par elle-même. Un tel point de vue n'explique pas assez complètement (...) les racines de la religion. Dans les pays capitalistes actuels, ces racines sont surtout sociales. La situation sociale défavorisée des masses travailleuses, leur apparente impuissance totale devant les forces aveugles du capitalisme (...), c'est là qu'il faut rechercher aujourd'hui les racines les plus profondes de la religion.<br />
<br />
« La peur a créé les dieux. » La peur devant la force aveugle du capital, aveugle parce que ne pouvant être prévue des masses populaires, qui, à chaque instant de la vie du prolétaire et du petit patron, menace de lui apporter et lui apporte la ruine « subite », « inattendue », « accidentelle », qui cause sa perte, qui en fait un mendiant, un déclassé, une prostituée, le réduit à mourir de faim, voilà les racines de la religion moderne que le matérialiste doit avoir en vue, avant tout et par dessus tout, s'il ne veut pas demeurer un matérialiste primaire. Aucun livre de vulgarisation n'expurgera la religion des masses abruties par le bagne capitaliste, assujetties aux forces destructrices aveugles du capitalisme, aussi longtemps que ces masses n'auront pas appris à lutter de façon cohérente, organisée, systématique et consciente contre ces racines de la religion, contre le règne du capital sous toutes ses formes."<br />
<br />
<br />
"De l’attitude du parti ouvrier à l’égard de la religion"<br />
Lénine, 13 mai 1909<br />
<br />
Texte complet ici : https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1909/05/vil19090513.htm<br />
<br />
<br />
J'ajoute ceci.<br />
<br />
Nous sommes conditionnés par une société de l'exploitation, par la nécessité de dominer autrui ou d'être dominé par autrui pour survivre. Comment pourrions-nous espérer que s'épanouisse autre chose que la superstition désespérée ? Par quel miracle l'intelligence et la mesure naîtrait-elle de la peur et de la solitude permanente ?<br />
Nous nous faisons charcuter perpétuellement dans ce système, c'est vrai, mais pas par la religion. La religion est la morphine que la charcuterie donne aux plus charcutés pour qu'ils supportent la douleur. Et nous irions leur reprocher d'y être accroc ? Quand la religion est parfois la dernière parcelle d'âme à quoi ils peuvent se cramponner ? Nous irions vers eux et commencerions par les traiter d'imbéciles ?<br />
<br />
La religion est l'opium du peuple. Elle est sont dernier réconfort, et au besoin transforme sa colère en pulsion criminelle, impardonnable mais inoffensive pour les dominants, plutôt qu'en désir de lutte collective. Elle le rend irrécupérable.<br />
<br />
Nous devons lutter contre ses agents comme contre toute organisation qui nous exploite. Non parce qu'ils disent que Dieu existe et que nous pensons le contraire, mais parce qu'ils encouragent leurs fidèles à se laisser exploiter, à courber l'échine, et à attendre la mort pour vouloir le paradis.<br />
<br />
Pour le reste, si nous sommes matérialiste et athées, nous croyons que l'intelligence porte en elle l'athéisme. Nous devons faire confiance à celle de concitoyens émancipés économiquement et politiquement pour y accéder naturellement, et laisser lentement dépérir la religion.<br />
Peut-être avons-nous tort. Peut-être aussi qu'au-delà de l'athéisme et du religieux, émergera une spiritualité nouvelle.<br />
<br />
PS : cet angle de vue, bien entendu, n'invalide absolument pas la valeur des efforts éducatifs de ceux qui depuis un siècle se battent contre les curés. Il pointe du doigt le fait que ces efforts ne sauraient achever de transformer l'humanité tant que celle-ci reposera sur l'exploitation systématique des uns par les autres.<br />
<div>
<br /></div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-33264796010853870012014-08-29T09:28:00.003+02:002014-08-29T14:03:28.170+02:00Un antivol sur la sixième<div class="MsoNormal">
<div class="MsoNormal">
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;">Bon, plus j’y réfléchis, plus cette histoire de 6<sup>e</sup><span class="apple-converted-space"> </span>République me pose problème.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;">Entendons-nous bien : en tant que tel, je n’ai rien contre.
Si on peut passer à un régime avec un peu plus de contrôle populaire, avec une
implication des travailleurs dans la rédaction d’une constitution, je n’ai rien
à y redire. Au contraire, ça me plairait beaucoup. C’est même un vieux fantasme
de gauchiste : participer, enfin, à l’Histoire qu’on aime. Jeu de paume,
serment, discours enflammé, force des baillonnettes. Ça me fait rêver. C’est ça qu’on m’a appris à aimer en politique.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;">Et c’est ça qui me gêne.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;">Je viens de la partie aisée de la petite bourgeoisie, tendance
catho de gauche sauce abbé Pierre. Je suis passé par le lycée, filière
générale, et par Sciences-po, broyeuse à neurone s’il en est. Et quand on me
parle de constituante, c’est cette partie de moi qui vibre.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;">C'est-à-dire, celle qui se goure sur tout depuis dix ans.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;">L’autre partie, c’est mon éducation matérialiste tardive. Elle me
dit que le droit résulte du rapport de force, et ne le crée pas. Elle me dit
qu’il est vaniteux de se fantasmer en glorieuse assemblée transformant le monde
par les mots, car la puissance juridique, fût-elle constitutionnelle, ne
peut exister qu’en tant qu’avatar de la volonté d’une multitude qui légitime,
consciemment ou inconsciemment, un état du rapport de force. <o:p></o:p></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;">On se trouve donc devant un problème, la 6<sup>e</sup><span class="apple-converted-space"> </span>République ne valant que si elle est
révolutionnaire - c'est-à-dire si elle s’inscrit dans mouvement profond de
réappropriation par le peuple de sa puissance. <o:p></o:p></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;">Un tel mouvement va bien au-delà d’une redistribution juridique
des pouvoirs : il signifie une nouvelle répartition de la valeur
économique, une évolution de la conception du travail humain, et une nouvelle
mentalité quant à la place de la propriété privée. La 6<sup>e</sup><span class="apple-converted-space"> </span>République peut s’inscrire dans cet
élan, faire partie des éléments qui lui donnent corps, mais certainement pas
suffire à le lancer.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;">Derrière les incantations à la 6<sup>e</sup><span class="apple-converted-space"> </span>République, il est donc impératif de
travailler en profondeur. Être clair sur le fait qu’il ne s’agit pas
d’instaurer une nouvelle république, mais<span class="apple-converted-space"> </span><i>la</i><span class="apple-converted-space"> </span>République. Celle qui convient à des
citoyens majeurs et souverains non seulement politiquement, mais aussi économiquement. Qu’il ne s’agit pas que de casser la logique des partis et
l’intouchabilité des élus, mais de boucher les principaux canaux d’action du capital.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;">Et garder à l’esprit que le passage vers des institutions telles
que nous les souhaitons n’adviendra pas lors d'un dépouillage d’urnes bien sage où l'on se parle poliment. Peut-être y aura-t-il de cela. Mais s’il<span class="apple-converted-space"> </span><i>cela</i><span class="apple-converted-space"> </span>advient, c’est que<span class="apple-converted-space"><i> </i></span><i>bien plus</i><span class="apple-converted-space"> </span>sera arrivé<span class="apple-converted-space"> </span><i>avant</i>. C’est que le peuple
sera, déjà, dans une configuration révolutionnaire. Et que l’idée de 6<sup>e</sup><span class="apple-converted-space"> </span>République en tant qu’objectif à
atteindre sera devenu obsolète ; ce ne sera plus qu’un outil au service
d’un changement global de société.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;">Et si jamais l’Histoire produit ce changement d’institutions sans
qu’il soit précédé et accompagné de cette poussée, si tout ce que nous promettons
est la réalisation du fantasme chouardien d’une assemblée délibérante, même
avec des députés inéligibles ensuite, même tirée au sort… Prenons garde. Il y a
d’autres forces politiques qui ne rêvent que d'une remise à plat des
institutions sans révolution. Ceux-là seront dans leur élément, celui d’un
changement de direction du capitalisme dans le maintien de l’ordre social.
Ceux-là nous volerons notre thème sans vergogne, comme ils nous ont déjà volé
tous les autres quand nous ne les défendions pas de manière révolutionnaire.<o:p></o:p></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;">Donc, pour conclure clairement, si nous ne promouvons pas une 6<sup>e</sup><span class="apple-converted-space"> </span>République réellement
anticapitaliste avec tout ce que cela suppose comme discours sur les salaires et
le travail, je ne donne pas un an au FN pour nous piquer le thème. <o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<span style="font-family: inherit;">Et ils s’en serviront d’autant mieux qu’ils ont une meilleure
chance que nous d’accéder au pouvoir.<o:p></o:p></span></div>
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<br />
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
</div>
</div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-45177892609925750492014-08-20T12:31:00.000+02:002014-09-01T13:54:37.997+02:00Dialogue avec mon Front<div class="MsoNormal">
<i>Billet également publié sur le blog Mediapart, <a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/romain-delplancq/220814/dialogue-avec-mon-front" target="_blank">ici </a></i><br />
<br />
Cher Front de gauche.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Il faut qu’on parle.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Je sais, ça ne fait jamais plaisir de se lever le matin pour
trouver des reproches dans les céréales.
Oh, je sais que tu fais ce que tu peux, que tu n’es pas aidé, que les
médias sont nuls. Je sais que l’été fut pourri, le printemps détestable et l’hiver
mortifère. </div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Mais maintenant, il faut se reprendre. Lâche ta console.
Enlève ces écouteurs et arrête de chantonner la Parisienne Libérée toute la
journée. Et pour l’amour du ciel, lave cette écharpe rouge ! Tu ne l’as
pas lavé depuis la marche de la Bastille en 2012. Elle sent le rance et la
déception.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Quoi, c’est dur ? Je comprends rien ? Non mais
attends, tu crois que tu es le seul à être déçu ? Tu te voyais déjà menant
la foule révolutionnaire en délire et au lieu de ça, tu as eu Hollande et les
municipales. La belle affaire. On en prend tous plein la gueule depuis deux ans,
tu sais. Alors quoi ? Tu fais quoi, maintenant ? Tu te remues le cul,
ou tu te laisse couler ?</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Comment ça, retourner sur ton blog dénoncer l’extrême-droite ?
Ah non, ça va pas recommencer… Je… Ecoute.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Non mais je sais, <i>no pasaran</i>, tout ça… Mais oui bien sûr,
je suis d’accord, mais…</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Ecoute un peu. Ecoute une seconde.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Tu ne peux pas. Ok ?<i> <b>Tu-ne-peux-pas</b></i>. </div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Mais… Non arrête, mon Front. Ce n’est pas une question d’honneur.
Mais non, je ne suis pas en train de dire qu’il faut abandonner le terrain.
Mais regarde les choses en face une seconde !</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Hein… ?</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Putain, mais arrête un peu ! Six pour cent ! Tu
as fait six pour cents ! Et cette présidentielle qui t’avait tellement
galvanisé ? Tu en avais fait onze ! Et pourtant tu es là, à réagir au
quart de tour à toutes les offensives du FN, à vouloir le combattre sur tous
ses terrains comme si vous étiez à armes égales ! </div>
<div class="MsoNormal">
Ca s’appelle du déni, ça, mon Front. </div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Oui, je sais. Tu ne veux pas laisser les fascistes respirer.
Super. Mais c’est ce que j’essaie de te dire : tu n’es pas en état de les
empêcher de respirer. Leur poumon est devenu trop gros, ton lacet, trop fin. Tu
t’épuises, Front. Regarde-toi ! Tu perds des kilo à vue d’œil !</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Allez, arrête. Mange un peu. Dors. Lis tes livres. Sors un
peu dans la rue ! Tu ne voulais pas
travailler un peu dans l’associatif ? C’est le moment ! </div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Attends, qu’est-ce que tu écris, là ? </div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Ah non. Stop. Tu vas arrêter avec Ménard, Morano, et
Sarkozy. </div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Mais je m’en fous ! Bien sûr, qu’ils font n’importe
quoi, bien sûr qu’ils défigurent la République et la laïcité et … Et… Merde, c’est
la droite ! Et tu réagis à chacune de leur provocation ! Tu te rends
compte à quel point ça joue en leur faveur ? Ils le savent très bien qu’en
tant que parti de gauche à prétention intellectuelle, tu ne peux pas t’empêcher
de pondre une dissertation à chacune de leur singerie pour montrer à quel point
ils sont hors de tout raisonnement logique. Tu sais ce que c’est ? C’est
de l’autosatisfaction à peu de frais ! Passer du temps et de l’énergie à
démonter sérieusement la messe pro-corrida de Ménard, tu ne penses pas que c’est
sombrer dans la facilité ? </div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Hein ? Mais oui, réagis si tu veux. Mais par une
blague. Un sarcasme. N’importe quoi qui ne légitime pas comme sérieux des
clowns pareils. Et n’y passe pas une heure. Et n’en parle pas à la radio !
Les medias te laissent si peu de temps de paroles, et toi tu acceptes de l’utiliser pour parler des autres, toujours des autres !</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Tu gâches tout.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Et tu sais, je vais finir par croire que ta famille a une
mauvaise influence. Oh, Jean-Luc, je ne l’accable pas, il est dans un état pire
que le tien depuis que Pierre lui a fait des crasses. Mais Raquel, Eric et
Alexis, je suis désolé : ils sont complètement shootés. Si. Shootés au symbolisme.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Ah si, je te jure. Non, mais arrête, moi aussi j’aime bien
Jaurès et l’Internationale, de temps en temps ça détend, ça fait du bien, d’ailleurs
tu me connais, je vais pas te chanter Ramona, hahaha. Mais je t’assure que là, ça devient malsain.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Mais parce que les gens s’en foutent !</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Si.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Les jeunes encore plus.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Bah à ton avis ? La précarité, la répression
policière, la baisse des salaires, la fin des retraites… Oui, tu en parles.
Ouais. Mais tu en parle autant que de la Commune de Paris. Si, les gens s’en
foutent aussi, de ça. Et le résultat, c’est que tu mélanges dans ton discours
quotidien de l’important et du symbolique. Du <i>truc-qu’on-conn</i>ait et du <i>truc-qu’on-connait-pas-et-qu’on-s’en-fout</i>.
Et du déprécie ce que tu dis sur le sujet d’importance.</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
…Quoi, la Marine ? Bah la Marine, pendant ce temps,
elle parlait des radars sur la route pour dire qu’elle était contre. Ah mais
ouais, c’est poujadiste. Mais comparé à toi qui parlais, pendant tout juillet, que de l’anniversaire de la mort de Jaurès ?
A ton avis, lequel des deux discours paraissait le plus se soucier de la vie
quotidienne des gens ? Indépendamment de l’opinion émise sur le sujet ?</div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
C’est ça que j’essaie de te dire. Oublie les symboles
pendant quelques temps. Reconcentre-toi. Arrête de penser que tu peux les
combattre partout tout le temps, tu n’en as pas encore l’énergie et ils ne t’en
laisseront pas le temps de paroles. </div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Tu as tellement de points forts. Tes prédictions sur la
conjoncture, toutes réalisées. Les intellectuels proches de toi. La générosité
de ton discours. Sa synthèse entre écologie et socialisme. Maintenant, travaille
le fond. Travaille le terrain, petit bout par petit bout, et consolide tes conquêtes. Choisis-toi un champ de bataille où ces forces sont
plus susceptibles de jouer en ta faveur – au hasard, le net, et<i><b> concentre tes
forces dessus.</b></i> Ne te vends pas aux médias traditionnels ; si tu es invités
sur un plateau télé où tout le monde insiste pour parler du retour de Sarkozy,
tu claques la porte et tu postes une vidéo sur youtube. </div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Et nom de dieu, arrête avec cet air de chien battu, on
dirait que tu as intériorisé ton éternelle défaite ! Rien n’est encore joué, rien n’est jamais
joué. C’est juste un nouveau round qui commence. </div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Et comme d’habitude, ce n’est pas un dîner de gala.</div>
<br />
<br />
PS :<br />
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-46986885120450389062012-11-20T13:03:00.000+01:002012-11-26T18:47:48.013+01:00Frédéric LordonFrédéric Lordon parle un français précieux, drôle, et à peine hermétique pour peu qu'on prenne la peine de l'écouter jusqu'au bout - un ton auquel peu d'économiste du CNRS nous avait habitués. Mais cet économiste-là, un des derniers de l'école régulationniste, fait partie des "Atterrés" et s'est fait une spécialité, dans les médias, d'expliquer les failles profondes du système bancaire actuel. Dans des détails parfois arides, je vous l'accorde, mais absolument nécessaires.<br />
<div>
Pour ses travaux plus confidentiels, Lordon interroge, sur des points plus philosophiques, la psychologie qui se cache derrière la conception néolibérale du travail, et la façon dont elle articule les passions des employeurs et celles des employés (petit coup de coude à mes camarades du milieu de l'édition.)</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Ouvrages :</div>
<div>
<br /></div>
<div>
<div>
<a href="http://www.amazon.fr/La-crise-trop-Reconstruction-failli/dp/2213644101/ref=sr_1_6?ie=UTF8&qid=1353412702&sr=8-6" target="_blank">La crise de trop - Reconstruction d'un monde failli, Paris, Éditions Fayard, 2009</a>.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
<a href="http://www.amazon.fr/Capitalisme-d%C3%A9sir-servitude-Fr%C3%A9d%C3%A9ric-Lordon/dp/2358720135/ref=sr_1_2?ie=UTF8&qid=1353412702&sr=8-2" target="_blank">Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza, La Fabrique éditions, 2011</a></div>
<div>
<br /></div>
<div>
<a href="http://www.amazon.fr/Dun-retournement-lautre-financi%C3%A8re-alexandrins/dp/2021045773/ref=sr_1_3?ie=UTF8&qid=1353412702&sr=8-3" target="_blank">D'un retournement l'autre — Comédie sérieuse sur la crise financière — En quatre actes, et en alexandrins, Paris, Seuil, 2011</a></div>
<div>
<br /></div>
<div>
<a href="http://www.amazon.fr/Lint%C3%A9r%C3%AAt-souverain-danthropologie-%C3%A9conomique-spinoziste/dp/2707169161/ref=sr_1_5?ie=UTF8&qid=1353412702&sr=8-5" target="_blank">L'intérêt souverain - Essai d'anthropologie économique, Paris, La Découverte, 2011</a></div>
</div>
<div>
<br /></div>
<div>
<br /></div>
<div>
Conférences :</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Invité de l'émission "Ce soir ou jamais" - Sur la faillite du système bancaire</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/pU9Zl1T23MI?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div>
<div>
<br /></div>
<div>
<br /></div>
<div>
Etat de décrépitude de la zone Euro</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/dU6M-CDSCQs?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div>
<div>
<br /></div>
<div>
<br /></div>
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Invité de l'émission "D@ns le texte" sur Arrêt sur image - Sur Spinoza et Marx</div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-79479613974042934222012-11-20T12:12:00.000+01:002012-11-20T13:39:25.889+01:00Bernard FriotBernard Friot est un sociologue, proche du PC, qui a consacré ses recherches à la façon dont la société conçoit et finance salaires, investissements et retraites. Ses réflexions, fascinantes, remettent en cause des conceptions apparemment gravées dans le marbre et dessinent ce que serait un système non-financiarisé...<br />
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Ouvrages :</div>
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<a href="http://www.amazon.fr/Lenjeu-retraites-Bernard-Friot/dp/284303163X/ref=sr_1_6?ie=UTF8&qid=1353409669&sr=8-6" target="_blank">L'enjeu des retraites (2010)</a></div>
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<a href="http://www.amazon.fr/Lenjeu-du-salaire-Bernard-Friot/dp/2843032229/ref=sr_1_3?ie=UTF8&qid=1353409669&sr=8-3" target="_blank">L'enjeu des salaires (2012)</a></div>
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Conférences :</div>
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<a href="http://www.dailymotion.com/video/xq07nk_faut-il-fixer-des-limites-a-la-propriete_news#.UKtGyod_l8E" target="_blank">"Faut-il des limites à la propriété ?"</a></div>
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"<a href="http://www.dailymotion.com/video/xdrm57_bernard-friot-la-retraite-c-est-rev_news#.UKtkWod_l8E" target="_blank">La retraite, c'est révolutionnaire !</a>"</div>
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Salaire à vie - Un salaire, pas un revenu</div>
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Salaire à vie - Pour en finir avec le chômage</div>
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Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-55862081487659192212012-10-25T11:28:00.004+02:002012-10-30T08:01:39.836+01:00L'aviation de réserve du capitalismeOctobre 2012 aura été le mois des volatiles.<br />
<br />
Je ne parle pas du piaf parisien moyen, roucouleur et pondeur d'oeufs même pas coque dans mes pots de fleurs. Lui, il fait ce qu'il peut. Je ne parle pas non plus de la volaille poulaillère que la femme de Manuel Valls a fait intervenir rue de la Roquette pour déloger sans plus de raison que cela les SDF qui salissaient son trottoir. Je parle de ce petit coup de bélier que les ultralibéraux ont mis dans la porte de l'Etat en utilisant comme chair à canon un petit groupe d'auto-entrepreneurs mentalement lobotomisés.<br />
<br />
Rappelons les faits : suite à une rumeur faisant état d'un projet gouvernemental de taxation des plus-values, une agence de com de droite, dont je soulignerai par pure gourmandise qu'elle est fiscalement domiciliée hors de France, a lancé sur le net le buzz des entrepreneurs "geonpis" qui est le verlan de "pigeon", ce qui prouve bien que ce sont des gens modernes. Puis le net a pris le relai. Une certaine twittosphère constituées d'auto-entrepreneurs aussi ingénus qu'inféodés à la niche fiscale qui conditionne leur statut a pris le relais, suivis du Medef qui, sur les media généralistes, en a joui gravement. La suite, vous la connaissez : le gouvernement a reculé avant même d'avoir fait mine d'avancer.<br />
<br />
Je ne m'étendrai pas sur l'ahurissant message de faiblesse que notre Etat "de gauche" a ainsi fait parvenir au grand capital.<br />
<br />
Ce qui est intéressant ici, c'est comment des gens fiscalement précaires comme les auto-entrepreneurs ont été amenés à défendre leur précarité bec et ongles, avec comme seul justification morale une prétention à être plus malins et talentueux et courageux que tous les autres.<br />
Ou comment le rêve de trente-mille glandus qui se fantasment en Steve Jobs entretient la machine à exploiter.<br />
<br />
Notez que ce n'est pas nouveau du tout, du tout. Souvenez-vous , au XIXe siècle...<br />
<br />
Ben quoi ? Vous pensiez pouvoir venir squatter ma poche intérieure et échapper à la séance diapo de rigueur ? Raté.<br />
<br />
Donc, au XIXème siècle, le mode de production dit "capitaliste" établit définitivement sa domination sur l'Europe et l'Amérique. Ce n'est pas par l'échelle de la production ni par la marchandisation que la nature de ce mode de production social diffère des anciens, mais par la nature des relations entre ses acteurs. En effet, la marchandisation existait déjà depuis longtemps - de nombreuses places de marchés où s'échangeaient aussi bien des denrées que des titres bancaires existaient déjà depuis deux bons siècles.<br />
Non, ce qui est nouveau avec le capitalisme, c'est la création d'un marché du travail, où désormais les offreurs de force de travail (les ouvriers) seraient mis en relation avec les demandeurs (employeurs) dans le même esprit qu'un vendeur de choux négociait avec un acheteur de choux sur le marché des choux, c'est-à-dire en postulant leur égalité humaine et juridique. Là où la féodalité organisait les rapports de production hors de la négociation marchande (on travaillait pour le seigneur parce qu'il était le seigneur et pas pour un salaire), les révolutions inspirées des Lumières, en déclarant les individus égaux, permettent la création d'un marché du travail.<br />
<br />
Bien. Jusque-là, rien à redire en théorie sur un monde où des individus égaux négocient entre eux pour établir une relation contractuelle consensuelle qui porte les intérêts de chacun sans nuire à ceux de l'autre.<br />
<br />
Sauf que dans les faits, ça a été un massacre. Remplacer le mot "inégal" par le mot "égal" dans un contrat fait sans doute plus joli, ça n'a pas suffit cependant à effacer la dure réalité : il y avait d'un côté des types affamés qui mourraient dans la semaine s'ils ne prenaient pas le premier boulot, et de l'autres des gens souvent héritiers des anciennes fortunes aristocrates ou constituées à l'époque de la féodalité qui pouvaient se passer des premiers au besoin. Il n'y a jamais d'égalité dans la négociation entre travail et capital, parce que le capital peut patienter des semaines ou des mois avant d'être rentabilisé alors que le travail, lui, doit manger et nourrir ses enfants tous les jours.<br />
<br />
Quel rapport avec les pigeons, me diriez-vous ?<br />
<br />
Celui-ci : le système décrit ci-dessus a la formidable propriété de faire croire au travail qu'il joue son intérêt. Le travailleur est juridiquement égal à l'employeur et par conséquent, tout le reste est sensé être affaire de choix et d'habileté personnelle. Si vous n'y arrivez pas, vous devez réessayer et surtout ne jamais remettre en question le cadre de cette compétition parce qu'après tout, vous avez l'égalité ! Que voudriez-vous de plus ?<br />
Les jeunes d'aujourd'hui ont tellement intégré leur précarisation qu'ils ne songent même plus à lutter contre. Leur malheur présent est gravé dans le marbre et seul leur reste, pour se consoler, un hypothétique lendemain vengeur où, enfin, leurs efforts paieront, leur génie sera reconnu et leur compte en banque mieux rempli. Une sorte de crédit sur l'ambition, en somme, qui viendrait engraisser le reste des crédits sur lesquels nous vivotons aujourd'hui.<br />
<br />
Au XIXème siècle, les ouvriers ont appris à la dure que leur isolation sous prétexte d'en faire des acteurs économiques indépendants et égaux, et leur mise en concurrence individuelle, n'avait abouti qu'à leur mise en esclavage pure et simple. Il a fallu la destruction des jours fériés, la généralisation du travail des enfants et les déportations massives de main-d'oeuvre selon les besoins des producteurs pour qu'ils s'en rendent compte. La culture de l'auto-entrepreneur d'aujourd'hui, résultat de l'inculture historique et politique crasse de la génération dite "Y", est en train de reproduire le même schéma.<br />
<br />
Donc à tous ces types qui ne veulent pas participer aux efforts collectifs et qui ne rêve que d'être le seul mec sur cent qui s'en sortira, souvenez-vous d'une chose. En face, les riches ont une stratégie de classe. En face, ils se serrent les coudes. En face, ils ont lu et très, très bien compris Marx.<br />
<br />
Et si un jour ils vous acceptent en leur sein, ce ne sera jamais pour votre génie ils s'en moquent, mais ce sera toujours par gratitude d'avoir trahi les vôtres.<br />
<br />
<br />
<br />
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<br />Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-59092206596481932522012-10-17T10:42:00.000+02:002012-10-17T10:42:48.645+02:00La nuit ne fait que commencer...<br />
<span style="font-family: inherit;">Il y a des matins qui n’en sont pas vraiment.</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;">Il y a des matins où il fait sombre, des matins où la journée qui s’annonce a des allures de nuit blanche à venir. </span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;">Des matins où il faut tomber du lit à six heures pour aller se faire opérer de ce corniaud de ménisque, et s’y être préparé depuis une semaine de rend pas l’expérience plus joyeuse.</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;">Et il y a des matins où une <a href="http://www.lepoint.fr/monde/iles-grecques-a-vendre-14-10-2012-1516752_24.php">nouvelle </a>dont vous, et tant d’autres, aviez prédit l’arrivée depuis deux ans débarque sur vos flux RSS et vous n’avez rien pu faire, ni vous ni les autres, pour que cela n’arrive pas. </span><br />
<span style="font-family: inherit;">Des matins où on lit que le gouvernement grec issu des élections de juin a avancé l’idée d’évacuer ses îles de moins de 150 habitants – pour pouvoir vendre les dites îles au secteur privé.</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;">Un gouvernement issu du suffrage universel considère l’idée de vendre des parcelles de son territoire national aux investisseurs privés, et d’en déporter ses habitants.</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;">C’est possible. C’est en Europe. C’est en Grèce. </span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;">Je pourrais faire un laïus sur la stratégie du choc et l’utilisation par les capitalistes du coma économique de la société grecque pour démembrer la dernière mission régalienne qui lui restait, celle de préserver l’intégrité du territoire national – ce qui est le rêve ultime des ultra-libéraux : avoir enfin leur pays à eux, sans Etat.</span><br />
<span style="font-family: inherit;">Sur le mépris, l’immense et cosmique mépris dont il faut faire preuve envers l’idée même de peuple et de démocratie pour oser même proposer cette éventualité.</span><br />
<span style="font-family: inherit;">Je pourrais ironiser sur cette obsession délirante d’éviter la faillite de la Grèce, quitte à détruire la Grèce.</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;">Mais ce qui me saute aux yeux, plus que jamais, c’est l’effondrement complet et transversal d’un mythe. Le gouvernement Samaras est issu du suffrage universel, en tant que tel porteur de la « Volonté nationale » et sensé porter les intérêts de son peuple. Hors il conçoit la possibilité de détruire son propre pays. Cela doit nous imposer deux conclusions.</span><br />
<span style="font-family: inherit;">Premièrement, le gouvernement représentatif n’est pas la démocratie et nous vivons dans un mensonge depuis deux cents ans. Il n’y rien de tel que la « volonté nationale » portée par une assemblée d’élus, à moins qu’on ne conçoive que la nation puisse vouloir explicitement s’autodétruire. La volonté nationale, si une telle chose existe, s’exprime directement par le peuple assemblé, ou ne s’exprime pas. Aujourd’hui, elle ne s’exprime pas. Ni en Grèce, ni en France, ni en Allemagne, ni en Espagne, ni en Italie, ni aux Etats-Unis. La tenue d’élections est une illusion – on n’y choisit pas nos lois, on y choisit nos maîtres, ceux qui pendant cinq ans auront quartier libre pour faire ce qu’ils veulent, sans aucune possibilité de contrôle par nous. Je dis bien aucune, car il est bien évident qu’après l’échec du vote de 2005 sur le traité constitutionnel européen, plus jamais un gouvernement représentatif ne prendra le risque de refaire voter quoique ce soit d’important par un référendum populaire.</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;">Deuxièmement, il va bien falloir ouvrir les yeux sur la nature de l’agression qui frappe nos pays les uns après les autres. Un pays, la Grèce, fait face à des gens prétendant avoir des droits sur elle et sur ses finances. Elle est obligée de se rationner pour faire face. Sa population crève de trouille et de haine, son gouvernement répond par la torture policière d’une main (oui, ça a commencé) et par la montée des ligues fascistes de l’autre. Et toujours dans le cadre de cette confrontation, ce pays finit par perdre du territoire par déporter ses habitants. </span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;">Comme il s’agit, non pas d’un pays étranger, mais d’intérêts financiers privés qui agressent par gouvernements vassaux interposés (Allemagne et France) des collectivités non marchandes détentrices de bien commun, je pense que je pourrais parler de lutte des classe. Mais la lutte des classes, c’est ringard, hein ? Ça n’existe plus, pas vrai ? Même <a href="http://www.leparisien.fr/politique/fleur-pellerin-je-ne-crois-pas-a-la-lutte-des-classes-14-10-2012-2231683.php">Fleur Pellerin</a> le dit. Donc je ne vais pas dire « lutte des classes ».</span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;">Vous pouvez vous boucher les oreilles et continuer d’appeler ça une « crise économique ». </span><br />
<span style="font-family: inherit;"><br /></span>
<span style="font-family: inherit;">Moi, je vais commencer à parler de guerre.</span><br />
<br />
<br />
Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-41339811571999179952012-09-21T16:38:00.002+02:002012-11-26T18:45:12.654+01:00ConspirationnalismeJe vais faire une confidence que mon arrogance naturelle de sciences-potard n'aurait jamais cru devoir faire un jour.<br />
<br />
Je comprends enfin les conspirationnistes.<br />
<br />
Depuis que je suis en âge de glisser des petits papiers dans des urnes, j'ai dû supporter les avances bizarres de ces théories paranoïaques et délirantes, énumérant les raisons pour lesquelles les américains n'ont pas marché sur la lune ou pourquoi les <i>illuminati </i>ou les hommes-reptiles ou les deux dominent le monde en secret. Je n'y ai jamais accordé crédit, et ce n'est toujours pas le cas. Mais surtout, je n'ai jamais compris comment de pareilles élucubrations pouvaient germer dans des esprits humains adultes.<br />
L'oeuvre de fous, pensais-je.<br />
Pendant mes études supérieures, qui est le moment où mon milieu social termine pour de bon de modeler le mépris de classe chez sa progéniture, on me fit comprendre que ces histoires naissaient naturellement au sein de ce pauvre peuple inculte qu'il nous appartenait de diriger.<br />
<br />
En d'autres termes, pourquoi perdre du temps à essayer de trouver des raisons cohérentes aux <i>delirium tremens</i> de la cohue des moutons ? Ils sont analphabètes, méchants et laids. Si ça se trouve, certains d'entre eux n'ont même pas lu Machiavel.<br />
<br />
L'argument de la stupidité pré-postulée des tenants de la thèse était évidemment très confortable pour des gens comme nous, qui avions tout de même autre chose à faire (comme, je vous le rappelle, apprendre par coeur le texte de l'ex-future Constitution européenne.) Et puis, comme nous étions tous raisonnablement de gauche, cela nous permettait de ne pas avoir à regarder dans les yeux la preuve la plus flagrante de notre échec intellectuel.<br />
<br />
Car la gauche avait abandonné la pensée matérialiste depuis les années 80, c'est-à-dire, oh, trois fois rien : juste le squelette de toute pensée critique un tant soit peu efficace du capitalisme. Des notions qu'aucun militant ne pouvait ignorer dans les décennies précédentes. Des notions comme la solidarité de la classe dominante, la tendances naturelles de tout pouvoir à tester ses limites - et surtout, la totale vanité qui consiste à attendre des individus un comportement vertueux dans le cadre d'un système qui pousse au vice. Or, malheureusement, ce n'est pas parce que vous arrêtez de parler des problèmes que ceux-ci disparaissent. Les souffrances et les escroqueries dont les peuples étaient les victimes ont continué, simplement les nouveaux arrivants qui tentaient de protester contre elles ne savaient plus les nommer. Avec la perte de vitesse du marxisme et de sa terminologie, complexe mais si utile pour conceptualiser les problèmes posés par l'ordre social conservateur, les jeunes se sont retrouvés verbalement désarmés pour comprendre ce que le libéralisme était en train de leur faire subir.<br />
<br />
Les théories du complot ne sont que des tentatives maladroites et infantiles de ré-identifier la lutte des classes.<br />
<br />
Elles sont maladroites parce que si les conspirationnistes subodorent bien que le fond du problème est l'agressivité d'une classe dominante, solidaire, manipulatrice et consciente de ses intérêts, ils ne parviennent pas à l'intégrer dans un système économique général complexe parce que cela demande une longue réflexion sociologique et économique - et ils se bornent à s'agiter sur les manifestations les plus spectaculaires de cette solidarité de classe. Elles sont infantiles parce qu'elles s'arrêtent généralement au spectaculaire et spéculent des scénarios, certes très appréciables d'un point de vue de romancier, mais d'assez mauvaise facture de celui du réalisme politique.<br />
<br />
Je ne parle même pas des théories les plus fumeuses et des canulars comme celui des hommes-reptiles (alors que, avouons-le, ce serait singulièrement cool si c'était vrai.) Je pense aux faits avérés que les conspirationnistes montent en épingle comme s'ils étaient la clé de notre soumission. Or, autant les contestataire sérieux peuvent sans trop de problème se différencier des andouilles qui hurlent aux <i>Illuminati </i>et aux aliens, autant l'insistance puérile de ces mêmes conspirationnistes sur la Trilatérale et le groupe de Bilderberg nous a fait beaucoup beaucoup de mal. Tellement de mal, en fait, que ces maladresses ont bien failli être le coup de grâce médiatique de toute pensée critique sérieuse du système.<br />
<br />
Aujourd'hui, et c'est malheureux, les gens de gauche doivent dépenser une somme d'énergie folle pour arriver à parler de l'existence de la stratégie de la classe dominante sans qu'on leur renvoie systématiquement le conspirationnisme à la tronche. Quand il s'agit de critiquer l'agenda caché du FMI, ou les discussion à porte close de la Commission Européenne, on doit s'y prendre avec des pincettes. Alors qu'il me semble que l'existence du FMI et de la Commission, ainsi que l'opacité de leurs délibérations, sont raisonnablement établies. Répétons-le, il y a deux erreurs à ne pas faire en matière de complot : en voir partout, et n'en voir nulle part. La preuve en est que que certains complots échouent et finissent par être mis au grand jour.
<br />
<br />
Parce que bien sûr, Bilderberg et la Trilatérale existent. Tout comme le dîner du Siècle à Paris existe. Mais si ce n'était pas le cas, les problèmes ne seraient-ils pas les même ? Le système actuel produit et reproduit naturellement une classe oligarchique qui concentre les pouvoirs économiques et politiques, et qui assure sa cohésion par des mariages, des écoles privées pour les enfants et des lieux de vacances communs. Le plus étonnant serait plutôt que n'existât pas, dans un tel contexte, de lieu de rencontre entre ses membres.<br />
<br />
Une critique sérieuse, qui nous permettrait de concevoir une alternative au système, ne peut qu'être systémique et matérialiste. Certes, il y a des complots. Il y a des discussions ourdies, loin des oreilles du peuple, pour le manipuler : il n'y a qu'à lire les témoignages des compagnons de Bonaparte, de Thiers, ou l'histoire de Vichy pour s'en rendre compte. Mais s'attarder à s'indigner sur le manque de vertu de ces comploteurs n'est qu'une perte sèche d'énergie. Ils sont les produits naturels d'un système qui pervertit irrémédiablement ceux qui, même avec les meilleures intentions du monde, acceptent d'y occuper une place de pouvoir. Les gouvernants ne sont jamais meilleurs que le système qui les encadre. Ou, pour citer Saint-Just accusant la monarchie, <i>nul ne peut régner innocemment</i>. Et de la même manière que le roi ne pouvait représenter l'intérêt général, non pas à cause de sa mauvaise nature, mais bien parce que la fonction de monarque qu'il remplissait était nuisible, nous ne pouvons attendre d'institutions iniques qu'elles produisent autre chose que des hommes iniques.<br />
<br />
<br />
<br />
<br />Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-15251066361876336752012-09-04T10:07:00.000+02:002014-08-20T12:27:39.473+02:00Responsabilités des honnêtes gens responsables<br />
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Allez, réveil, alarme, frappage du réveil, deuxième alarme, redressement, posage de pied par terre, essuyage des crottes de yeux.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Douche. Café.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Ouverture de porte. Pluie.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Rentrée.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Je ne sais pas pour vous, mais j'ai l'impression d'avoir plané au-dessus de l'été. Sans faire exprès, comme si le net avait pris une grande respiration après les élections. On se ressource, on lit, on prend le temps d'approfondir ce qu'on pense déjà savoir. On prend de la distance, avec l'espoir un peu vain que le reste du monde fasse la même chose.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Bien sûr, le reste du monde s'en fout. Il continue.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Vous aurez donc la traditionnelle vilaine déception des septembre post-présidentielle. Je pense à tous ces braves gens qui pensaient sincèrement que le changement ce serait maintenant, et qui rentrent de vacances sous une pluie de traités européens Merkozy et d'évacuation de camps de roms. Et plutôt que de faire du hollande-bashing, même si ça me démange un peu, je voudrais en profiter pour revenir sur ce qu'est traditionnellement le centre-gauche dans notre pays.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">J'en ai déjà parlé une ou deux fois ici, et sans aller jusqu'à dire que la gauche modérée française était, selon la formule consacrée, la voiture-balai du capitalisme, mon analyse en faisait au moins le plumeau.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Il se trouve que j'ai peut-être été un peu soft. Voici pour me faire pardonner une petite Histoire.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Il était une fois un royaume qui s'appelait la France et qui était couvert de dettes. Tellement couvert de dettes que la faillite menaçait. Il faut dire que le roi de France, un brave con nommé Loulou XVI, s'était adjoint un ministre des finances qui s'appelait Necker, un suisse qui dans le civil faisait banquier, ce qui lui avait permis de prêter lui-même à l'Etat dont il dirigeait les finances - à hauteur de 14% de la dette totale du pays.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Je sais, ça vous rappelle quelque chose. Ne vous laissez pas déconcentrer.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Donc monsieur Necker organise la dépendance de l'Etat vis-à-vis de ses créanciers, et souffle au roi Loulou que le seul moyen de renflouer les caisses serait de lever de nouveaux impôts - parce que sinon, il faudrait faire défaut et que monsieur Necker a un intérêt personnel à ce que ça n'arrive jamais.</span></span><br />
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Oui, mais le roi, même absolu, ne peut pas lever de nouveaux impôts sur le petit peuple - pour la bonne raison qu'il n'y a plus rien à sous-tirer au petit peuple déjà écrasé par des taxes féodales. Il faut donc prendre de l'impôt aux plus riches: les notables (c'est-à-dire les bourgeois, théoriquement du Tiers-Etats mais dont le niveau de vie s'était rapproché de celui de la noblesse), et les aristocrates.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Les notables et les aristocrates refusent et exigent la tenue d'Etats généraux, seuls capables, selon eux, de voter de nouveaux impôts. Chacun fait son petit calcul : les aristocrates, qui ont été mis au placard du pouvoir depuis Louis XIV, y voient l'occasion de revenir aux affaires en imposant des trucs au roi Loulou XVI. Les notables, eux, qui en ce début de révolution industrielle sont déjà les principaux créateurs de valeur du pays, y voient enfin l'occasion de s'emparer d'un rôle qu'ils estiment leur revenir légitimement : celui de nouveaux privilégiés d'un nouveau système. </span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Mais pour le moment, les notables et un certain nombre d'aristocrates sont alliés de circonstance : pour accomplir les ambitions des uns comme des autres, il faut d'abord limiter le pouvoir du roi et imposer, comme les anglais l'ont fait un siècle plus tôt, un texte juridiquement supérieur à la volonté royale. Une constitution.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">La première révolution, celle de 1789, est le résultat de cette ambition. Elle a vocation à limiter le pouvoir du roi au profit de ceux qui possèdent réellement les moyens de production du pays (on ne dit pas encore beaucoup "capitalistes" mais ça va venir.) Contrairement à un préjugé répandu, elle n'a pas du tout du tout ni la vocation de devenir une république, ni de devenir une démocratie. L'assemblée devrait être élue au suffrage censitaire, c'est-à-dire qui filtre les électeurs : ne peuvent voter que ceux qui gagnent un certain montant d'argent, assez haut pour que seul l'exploitation d'une manufacture ou la rente foncière puisse le fournir.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Pourquoi ce refus de démocratie ? Parce que les révolutionnaires de 1789 ne sont, justement, pas du tout démocrates. La citation la plus éloquentes à ce sujet vient de l’abbé Sieyes :</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">“Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-même la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet Etat représentatif ; ce serait un Etat démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants.” (Discours du 7 septembre 1789)</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Vous aurez naturellement tendance à penser qu'ils se sont méchament plantés : après tout, ne sommes-nous pas aujourd'hui en démocratie ?</span></span><br />
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Alors, scoop : si vous pouviez remonter dans le temps pour décrire notre régime représentatif à un intellectuel du XVIIIe siècle en le caractérisant de démocratie, il vous rigolerait au nez et vous répondrait que ce que vous décrivez, le régime électorale représentatif, est tout sauf une démocratie, et que le terme "démocratie indirecte" est une fumisterie. Une démocratie est un régime où l'assemblée des citoyens vote elle-même ses lois, et où les responsables sont tirés au sort parmis les citoyens.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Point barre.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Quand vous vous bornez à élire des gens qui décident pour vous, ça ne s'appelle pas "démocratie". Tous les hommes instruits au XVIIIe siècle savent cela.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Ca s’appelle une aristocratie représentative (aristocratie, étymologiquement : “gouvernement des meilleurs” et l'élection est justement le moyen d'identifier les meilleurs). On fait en sorte que le petit peuple n'ait surtout pas accès à l'Assemblée. On le fait intentionnellement.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Vous me direz que le petit peuple, de son côté, ne reste pas inactif. C'est vrai, le vulgus, lui, y croit pas mal, à cette révolution. D'abord parce que les notables en question savent bien lui parler : supprimer les privilège, la dîme versée aux curés, la gabelle... Il est tellement accablé, le peuple, que la simple promesse de lui retirer certaines des injustices dont il souffre suffit à le ranger du côté des bourgeois qui, selon les mots de l'historien Henri Guillemin, vont l'utiliser comme "bélier". Et puis il faut dire que parmis les élus du Tiers-Etats à l'Assemblée, il y a quelques gêneurs, des types qui croient vraiment qu'ils sont là pour défendre les petites gens.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Ce sont ces types-là, Robespierre à leur tête, qui vont embordéliser le petit plan raisonnable des notables. Il faut dire que Robespierre veut un suffrage universel. Il veut l'abolition de l'esclavage, le droit de vote pour les femmes, l'abolition du statut des juifs, celle aussi, à terme, de la peine de mort.... Et des lois sociales. Droit de se réunir entre travailleurs, une protection sociale, tout ça. Et ce n'est pas du tout sur la feuille de route des notables. Ca va leur casser leurs profits et produire des Assemblées imprévisibles.</span></span><br />
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">La deuxième Constitution, celle de l'an I qui contient des innovations comme les droits économiques, une ébauche de possibilité de référendum, le droit et devoir d'insurrection et l'abolition de l'esclavage, ne sera jamais appliquée et un combat mortel opposera les Jacobins(extrême gauche) et les Girondins (gauche modérée) que ceux-ci finissentpar gagner, quand, en guillotinant à tour de bras et faisant passer les jacobins pour responsables, ils arrivent à retourner l'opinion parisienne contre eux. </span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Ce sont ces beaux girondins, peints par les livres d'Histoire comme si républicains, qui n'auront aucun scrupule à devenir ensuite bonapartistes, avant de fêter le retour de la monarchie en 1815 en la personne du frère de Loulou XVI.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">C'est une question d'opportunisme et de lutte des classes. Entre la bourgeoisie et l'aristocratie, d'abord. Entre la bourgeoisie et le prolétariat ensuite. Ce n'est jamais une queston d'idéologie.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Le problème, c'est que les gens n'oublient pas facilement. Beaucoup de monde gardera en mémoire les avancées qui avaient failli se faire en 1793. Beaucoup de gens se souviendront des trahisons de Danton et Mirabeau, symptomatiques de la mentalité égoïste qui animait les bourgeois de l'époque. Et au fil du XIXe siècle, il n'y aura pas une seule insurrection qui manquera de s'y référer. En 1830 puis en 1848, les ouvriers révoltés osant réclamer l’application des principes de 1793 seront écrasés avec suffisemment de violence pour que l'envie de revendiquer leur passe pour une vingtaine d'année.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Ce qui nous amène à 1870.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Cette guerre-là est survolée très rapidement dans les livres d’histoire, en général. Une heure à tout péter dans une année de programme scolaire. On apprend que Napoléon III était bête, qu'il a voulu faire la guerre aux Allemands, qu'on a perdu, qu'il y a eu une révolte à Paris et hop, on est redevenu une république.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Pourtant, ce qui s'est passé là préfigurait déjà la mentalité bourgeoise qui nous vaudrait une nouvelle humiliation par les allemands soixante-dix ans plus tard. Et ce péché originel a stygmatisé le centre-gauche pour tous le reste de son existence.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">En 1870, le Second Empire a depuis quelques années pris un tournant libéral. Les ouvriers ont presque le droit de se syndiquer. Les milieux populaires grognent. Les élites françaises, qui n'ont pas envie de passer leur temps à fusiller elles-même leur main-d'oeuvre, décident qu'une petite guerre pourrait être utile et détourner l'opinion publique vers une grande cause nationale un peu plus raisonnable que des avancées sociales. La prusse devrait être une proie facile. Par l'intermédiaire de l'Impératrice, on pousse Napoléon III à s'embarquer dans une guerre pour laquelle il n'est au début pas très chaud.</span></span><br />
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">L'empereur avait du nez. L'humiliation de l'armée Française, encerclée à Sedan, est totale. Napoléon III lui-même est fait prisonnier.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Mince alors. Il y a maintenant un vide de pouvoir. Les notables n'avaient pas du tout prévu ça, et voient les milieux populaires les plus politisés, qui réclament depuis longtemps la république, sur le point de se saisir de l'occasion. Les notables gagnent alors du temps... en instaurant eux-même la république. Mais une république qu'ils maîtrisent, ayant pris de vitesse ceux qu'on appelle déjà les "socialistes". Une république transitoire, qui ne bouscule personne - on l'appellera le gouvernement des Jules, parce que ses cinq dirigeants du gouvernement transitoire s'appelaient tous Jules.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Pendant ce temps, on fait élire en catastrophe une Assemblée dans le pays. Cette Assemblée n'a, officiellement, qu'un seul mandat : décider, ou non, de la paix avec les Allemands.</span></span><br />
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Or... c'est là qu'est l'os. Les conservateurs ont vu la capture de l'Empereur, ont compris que le pouvoir impérial parti et l'armée occupée avec les Prussiens, les socialistes avaient toute latitude pour installer leur version de la République (avec lois sociales et tout ce qui va avec). Ces messieurs, et avec eux les généraux de l'armée, ont donc presque immédiatement déclenché des pourparlers de paix. Un maréchal retranché dans l'Est de la France va même jusqu'à offrir sa reddition à Bismarck s'il le laisse marcher avec ses hommes sur Paris pour y maintenir la populace sous contrôle. A</span></span><span style="font-family: inherit; font-size: 12pt;"> ce moment-là, l'armée française a encore de la ressource. Gambetta a regroupé une armée à Tours et peut briser facilement le siège de Paris.</span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Pourtant les conservateurs vont couler son initiative, et échanger Strasbourg et Metz contre une paix rapide avec Bismarck.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Pendant ce temps-là, les parisiens se battent encore, croyant réellement que le gouvernement essaie de gagner la guerre. Mais les généraux ne poussent pas leurs offensives, s'arrangent même pour qu'elles échouent.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Ce qui permet de présenter aux électeurs les conservateurs comme les agents de la paix, et les vrais républicains comme des jusqu’au-boutistes forcenés.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">C'est donc une chambre à large majorité royaliste qui est élue, avec à sa tête l'artisan de toutes ces magouilles : Adolphe Thiers. </span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Là, je fais ma passerelle avec le centre-gauche. Thiers a longtemps été royaliste. Pourtant, en 1870, il est devenu républicain. Pourquoi ? Parce que Thiers a une ambition : être une fois le chef de l'Etat français avant de mourir. Or, s'il ne peut pas devenir roi, il peut devenir Président de la République. De <i>sa </i>république. Une république conservatrice, où le peuple est soumis et où les possédants peuvent posséder tranquillement.</span></span><br />
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Thiers va s'acheter une conduite auprès des royalistes en écrasant dans le sang la "révolte"* de la Commune de Paris, utilisant une armée consituée de prisonniers de guerre libérés pour l'occasion par les Prussiens et ayant l'avantage de n'avoir pas été au contact des idéaux socialistes - il faut dire que les premiers soldats que Thiers avait envoyés avaient fait défection.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Une fois la sale besogne exécutée, Thiers va ensuite s'employer à convertir les conservateurs à la République. Pour cela, il a un argument imparable : la République avec régime électoral représentatif est, selon lui, un bien meilleur moyen de contrôle de la masse des travailleurs que la monarchie. La monarchie, c'est le pouvoir résultant de la volonté d'un seul homme : il peut être converti, contesté, délégitimé. Alors qu'une assemblée républicaine est incontestable : elle représente la volonté nationale. Même si la majorité n'a que 51% des voix. Et en plus, l'expérience montre que le peuple encore principalement rural vote très sagement comme on lui dit de voter et porte d'honnêtes notables au pouvoir.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">C'est ainsi que les conservateurs vont virer leur cutie et devenir pro-république. Sauf que ce retournement de veste est difficile à vendre auprès de l'opinion publique. il faut masquer le conservatisme économique en faisant semblant d'être progressistes sur d'autres chapitres.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">C'est là que l'Eglise catholique, dont l'influence baisse à une vitesse relativiste auprès du peuple, va devenir très utile. On va donc voir à la fin du XIXème siècle les Républicains modérés devenir violemment anticléricaux, et entretenir ainsi la confusion auprès des électeurs de gauche et de leurs rivaux socialistes.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Loin de moi l'idée de regretter le dégommage de curé qui a prévalu à cette époque : les calotins l'avaient largement mérité, et le retournement de l'opinion contre eux est le résultat de centaines d'années d'oppression du petit peuple. Les bourgeois de centre-gauche n'ont fait qu'en profiter. Mais il est important de ne pas se faire d'illusion sur leurs véritables intentions, qui n'étaient pas d'émanciper le peuple des curés, mais simplement de les remplacer par des instituteurs, qui doivent, selon les propre mots de Jules Ferry :</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">“Enseigner la bonne vieille morale de nos pères pour affranchir les ouvriers du joug de leurs passions et de leurs instincts” (c’est à dire leur apprendre à ne pas sortir dans la rue pour égorger leur patron au prétexte futile qu’ils aimeraient pouvoir manger de temps en temps).</span></span><br />
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Et la plus belle :</span></span><br />
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">“Vous devez inculquer à vos élèves, en un temps où tant de passions et d’utopies font appel aux vains rêves, aux folles convoitises, cette idée qu’il y a, dans les choses humaines, des réalités plus fortes que les volontés humaines, des nécessités qui tiennent à la nature même des choses : que l’humanité est dirigée non par le caprice, mais par la science(…) Alors ne craignez pas d’exercer cet apostolat de la science, de la droiture et de la vérité, qu’il faut opposer résolument, de toutes parts, à cet autre apostolat, à cette rhétorique violente et mensongère (…) cette utopie criminelle et rétrograde qu’ils appellent la guerre de classe !” (Discours de Jules Ferry à la Sorbonne, lors de la séance d’ouverture des cours de formation des professeurs le 20 novembre 1892)</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">On ne fait pas plus clair. Ce qu’il y a dans le colimateur de Jules Ferry, ce n’est pas tant l’Eglise. L’anticléricalisme est un prétexte. Non, ce qu’il y a d’important, c’est de lutter contre l’émergence des idées socialistes au sein du peuple. Ces idées qu’on avait horriblement réprimées lors de la Commune de Paris. Ces idées qui pour le moment n’ont accouché d’aucune dictature soviétique qui pourrait servir de cache-misère. Ces idées dont le seul crime à ce moment-là est de bousculer ce que ces honnêtes gens s’entêtent à appeler “l’ordre naturel des choses”, à savoir la priorité du droit de propriété sur tous les autres. À cette époque, ils le disent, tous, explicitement. Ils en ont tellement peur que beaucoup de députés de droite et de gauche modérée espèreront la guerre pour “éliminer le trop-plein de population ouvrière.” La Commune les a terrifiés. Entre 1880 et 1914, ils ne pensent qu’à une chose : faire barrage à l’ambition des socialistes d’instaurer un impôt sur le revenu.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Je parle toujours de la gauche modérée, pas de la droite.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">On oublie vite ces trahisons. Parce que la stratégie qui consiste à racheter sa virginité régulièrement en compensant un conservatisme économique par un progressisme sur les affaires de moeurs marche toujours aussi bien. Faire de l’anticléricalisme à la fin du XIXe pour ne pas avoir à parler de l’impôt sur le revenu. Promouvoir le multiculturalisme dans les années 80 pour cacher la mise en solde de l’Etat par des privatisations odieuses. Promouvoir la parité et le PACS pour cacher la complaisance avec le patronat dans les années 2000. Parler du mariage gay aujourd’hui alors qu’on s’apprête à hypothéquer ce qui nous reste de souveraineté économique en ratifiant un traité européen honteux.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Il est important de comprendre que, si les lois sociales et la reprise en main économique demandent du courage et des sous, la libéralité sur la morale ne coûte rien - il n’y a qu’à laisser la société faire seule son travail d’évolution et se raccrocher au train. D’ailleurs, au moindre signe que la société n’est peut-être pas à cent pour cent derrière, vous voyez les chevaliers blancs du PS faire immédiatement marche arrière.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: inherit;">Je ne suis pas en train de dire que la droite pure et dure ne serait pas pire. Par contre, je soutiens que la gauche modérée au pouvoir pose au corps social un problème qui lui est spécifique : elle programme notre inaction politique en nous donnant, par ses multiples déguisements, l’impression que la lutte est finie. Alors que si nous avions deux sous d’honneteté, nous serions actuellement en train de lutter contre le gouvernement actuel avec presque autant d’acharnement que contre l’ancien, parce que sa politique, pour le moment, a changé d’à peine un iota.</span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<span style="font-size: 12pt; font-style: italic;"><span style="font-family: inherit;">Article fait d’après les boulots d’Etienne Chouard**, un peu, et d’Henri Guillemin, surtout. </span></span><br />
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;">* J'ai mis révolte entre guillemets parce que la Commune a passé son temps à essayer de négocier avec Versailles pour éviter un affrontement. Les députés royalistes ont volontairement poussé au massacre parce qu'ils voyaient là l'occasion d'éliminer toute l'extrême-gauche d'un seul coup.</span></div>
<div style="font-size: 12pt;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<div style="font-size: 12pt;">
** Mise à jour : comme certains le savent, Chouard est devenu depuis largement infréquentable de par des sympathies (aveugles, espérons-le...) pour la clique soralienne, qu'il persévère non seulement à ne pas considérer comme fasciste, mais à ranger parmis les anti-système. Cela semble résulter d'un blocage intellectuel, d'un manque d'éducation politique matérialiste et d'une faute d'analyse chez lui, accompagné d'un braquage devant l'offensive des antifa contre lui. En ce qui me concerne, à l'époque où j'ai écris l'article, Etienne Chouard commençait déjà à déraper mais je gardais l'espoir que tout ça ne soit qu'un grand malentendu. Il a depuis persévéré, confirmé, et est devenu un habitué des conspi de l'UPR et d'E&R.<span style="font-size: 12pt;"> </span><span style="font-size: 12pt;">Les thèses qu'il vulgarise sur le processus constituant, cependant, n'en souffrent pas en tant que telles (il ne les invente pas, d'ailleurs.) Je choisis donc de garder la référence. Allez voir, mais faites gaffes quand meme, la plupart des vidéos et articles connexes que Youtube vous proposera seront de tendance conspi-dieudo-soralo-asseliniennes.</span></div>
<div style="font-family: 'Courier New'; font-size: 12pt;">
<br /></div>
<span style="font-family: 'Courier New'; font-size: 12pt;"></span><br />Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-88329258191934545062012-06-29T12:57:00.003+02:002012-06-29T12:57:38.425+02:00Trois cents ans et le sadisme chrétien bouge encore.Quelqu'un ici se souvient-il d'une fois dans l'histoire où des compressions budgétaires massives ont relancé l'activité d'un pays ?<div>
<br /></div>
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Une fois ?</div>
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Non ?</div>
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C'est bizarre, quand même. Parce que si on résumait brutalement les deux grandes orientations de sortie de crise proposées, on aurait un peu à gauche la "relance par la croissance," un vieux pot qui a jadis fait de bonnes soupes - et OUI, je sais qu'il y a une ou deux fois dans les années 80 où ça n'a pas marché. Je vous signale aimablement qu'il y a aussi des dizaines de fois dans les années 60 et 2000 pour l'Argentine ou ça a très, très bien marché.</div>
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Et puis, à droite, l'orientation de la rigueur budgétaire, de la coupe des dépenses publiques, politique dite du "que ces feignasses latines payent." Là, pour le coup, je vous mets au défi de trouver un exemple où ça a marché. Un exemple où ça a relancé le pays. Un exemple où ça a aidé à recréer de la richesse sans parasiter les pays voisins en faisant du dumping fiscal (spécial dédicace à l'Irlande.)</div>
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Vous trouvez ? Non ? C'est normal, il n'y en a pas. Et vous savez quoi ? Nos gentlemen rigoristes de droite le savent parfaitement. Et c'est ça qui me turlupine. Parce qu'après tout, ils ont aussi fait de bonnes études, ils ont aussi lu des tas de choses, ils ne sont pas plus bêtes que nous. Alors pourquoi s'entêter à vouloir nous serrer la vis si leur intention est de relancer la croiss....</div>
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Ah.</div>
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Oui, effectivement, la réponse est dans la question.</div>
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Donc les rigoristes ne font absolument pas ça pour relancer le pays. Mais alors quoi ? A quoi bon venir jouer les pères fouettards s'ils savent que les fouettés n'en seront pas plus avancer ?</div>
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Curieusement, cette question fait écho à une autre, qui n'a en apparence rien à voir : à quoi bon avoir l'obsession des prisons et de la répression alors que toutes les statistiques montrent que ça ne fait pas baisser la délinquance sans prise en charge simultanée de la réintégration des intéressés ?</div>
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Nous autres, à gauches, ça nous semble légèrement psychotique comme comportement. Faire oeuvre de coercition sur autrui tout en sachant que ça ne fait qu'empirer les choses est un comportement qui ne respire pas la maturité mentale.</div>
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Mais la droite, la droite... Elle aime punir. On oublie facilement cette vieille lubie chrétienne. Le coupable doit expier. La punition vaut pour elle-même, elle n'a pas à être justifiée par des histoires de hippies comme le bonheur des peuples ou l'enrichissement de l'humanité. Des gens se sont trompés, des pauvres, par nature inférieures et infantilisables : qu'ils expient. Qu'ils souffrent, même si le châtiement doit emporter la moitié de l'Europe. Les droitards seront contents. </div>
<div>
Parce que pour ces gens, le bonheur des peuples est ridiculement secondaire en face de leur morale décatie de vieux patriarche à cravache frustré. Parce qu'il jouissent tellement de voir les autres souffrir, parce qu'ils ne mesurent leur propre sécurité à qu'à l'aune de leur capacité à maltraiter les autres. Parce qu'ils trouvent que "c'est bien fait pour eux", que "y a pas de raison d'abord", que "ils avaient qu'à pas." Parce que ces "adultes" n'ont jamais muri au-delà d'une court de maternelle.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Parce que, tels de vieux curés du XIXe, ils n'arrivent plus à ressentir leur propre vertu qu'en poussant les autres à se flageller.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
C'est pour ça que la réaction a tellement de mal avec l'Etat de droit. Pour avoir cette vision du monde, il faut se concevoir non pas comme serviteurs des peuples, mais comme leur précepteurs. </div>
<div>
<br /></div>
<div>
Il faut du mépris et de l'indifférence à la souffrance.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Et le plus drôle, c'est que beaucoup de ces gens vont à l'Eglise le dimanche.</div>
<div>
<br /></div>
<div>
Seigneur, ne leur pardonne pas, car ils savent exactement ce qu'ils font...</div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-36637508216024344382012-06-23T19:10:00.005+02:002012-10-09T00:13:50.822+02:00Euro-superstitionsVous me croirez, si je vous raconte comment en 2004, on obligeait les étudiants de Sciences-Po à apprendre par coeur la Constitution Européenne ? Ne riez pas.<br />
<br />
Avec le recul des années, ça paraît effectivement dingue. A l'ouest. Pourtant, je n'arrive pas à en vouloir aux gamins que nous étions. Il faut l'avoir vu et vécu de l'intérieur pour comprendre. L'Europe, l'Europe... Pour nous, c'était la réponse. Quand on a vingt ans et que l'alpha et l'omega de la lutte politique est l'antifascisme et la fin des guerres, et que des professeurs encravatés, éloquents et souvent eux-mêmes sincèrement convaincus, vous expliquent que pour la première fois dans l'Histoire, les peuples s'aiment grâce à l'Europe !<br />
<br />
Vous n'avez pas encore entendu parler de déficit démocratique, vous n'avez pas encore lu Marx. Vous ne savez encore rien du monde, d'autant plus que sociologiquement, vous avez été relativement épargné dans la vie. Et vous trouvez l'idée belle, alors vous roulez avec.<br />
<br />
En ce temps-là, l'exposé le plus traité par les élèves posait la question suivante :<br />
"<i>Une Union monétaire est-elle possible sans union politique ?</i>"<br />
<br />
On attendait de l'élève qu'au terme d'un exposé de dix minutes en deux ou trois parties, il conclut en expliquant que bien évidemment, l'union politique devra venir, et que l'union monétaire est là pour forcer à terme l'union politique en liant de fait les intérêts des Etats entre eux. Parfois, un original souverainiste vous soutenait que tant que l'union se faisait en dehors du contrôle des peuples souverains, elle ne pouvait être et ne serait jamais légitime. On lui répondait, avec un sourire entendu, que "<i>ça viendra</i>." Et nous tous, béats, de répondre : "<i>Il faut parfois prendre de l'avance sur les peuples ! Pense à l'abolition de la peine de mort</i>."<br />
<br />
Tout le fait religieux de l'Union Européenne est là. Un moment donné, nous avions cessé de réfléchir et commencé à <i>croire</i>. Nous avons psalmodié des homélies, imaginé que l'union économique accoucherait forcément d'une union politique, que celle-ci serait naturellement démocratique. Il n'y a, toute chose égale par ailleurs, aucune raison logique à ces deux suppositions. Pourtant, cela nous paraissait naturel, presque biologique. Nous nous croyions évolutionnistes, et nous étions créationnistes.<br />
<br />
La nature même du plan était infaillible. Les Etats renâclaient à abandonner leurs souverainetés dans une unions politique, alors les bons européistes les pousseraient lentement à imbriquer leurs économies de façon si étroite que le jour où la crise surviendrait, ils n'auraient d'autre choix que de se contraindre à l'union politique.<br />
Blague à part, vous savez ce que ça veut dire, en vrai, une union politique et budgétaire ? Aux Etats-Unis, par exemple, l'Etat de Floride est largement financé par le reste du pays. Pareil pour le Mississippi. A des niveaux dont la Grèce rêverait. C'est normal : une union budgétaire suppose que les régions les plus fortes du pays compensent les régions les plus faibles.<br />
Alors, seriez-vous prêt, pour faire les Etats-Unis d'Europe, à accepter des transferts de fond <i>massifs </i>depuis la France et l'Allemagne en direction de la Grèce ? Les étudiants de Sciences-po des années 2000 considéraient que le jour venus, vous le seriez.<br />
<br />
Eh bien, la grande crise est là, et je ne sais pas pour vous, mais les allemands ont répondu. Ils n'accepteront <i>jamais </i>de financer la Grèce. Ni le Portugal. Ni l'Espagne. Ni aucun autre pays de cette Europe. Le pays le plus peuplé et le plus riches a clairement dit qu'il lui importait peu que les pays européens plus faibles crèvent.<br />
<br />
Et c'est ainsi que l'Allemagne tua pour de bon l'idée d'un grand pays européen, et que la stratégie qu'on nous avait tant prêché se révéla inefficace. Et nous, nous avions accepté une technocratie inhumaine, et une destructions de nos espaces démocratiques nationaux... pour rien.<br />
<br />
Dorénavant, l'Union Européenne telle qu'elle existe, n'avancera plus. Elle est réduite à jamais à cette forme qui ne devait être que transitoire, celle d'une entité non-démocratique au service des Etats les plus riches ayant toute licence pour asservir les Etats les plus pauvres, avec comme seule légitimation la volonté de maintenir sa propre existence.<br />
<br />
Une autre Europe naîtra, débarrassées des hallucinations du tout-économique. Et peut-être retrouverons nous dans un autre projet européen qui aurait appris de ses erreurs, l'enthousiasme que nous éprouvions jadis. Ou peut-être que l'Union Européenne <span style="background-color: white;">disparaîtra totalement, nous ramenant vers nos Etats-nations boiteux et bornés, mais qu'au moins nous élisons nous-même.</span><br />
<span style="background-color: white;"><br /></span>
<span style="background-color: white;">Mais malheur à nous si cette Union Européenne survit tel quel. Car ce n'est plus l'Europe. Ce n'est plus un grand méta-Etat qui aurait à coeur de protéger ses peuples. Il n'y a plus qu'une superstructure bureaucratique exécutant son seul mandat -protéger la rente des pays les plus riches- comme un automate. Une administration sans autre but que sa propre survie, et qui organise la mise au pas des citoyens dans ce sens.</span><br />
<span style="background-color: white;"><br /></span>
Et nous ayant cru inventeurs géniaux de la paix universelle, nous nous découvriront vulgaires plagiaires d'une des plus vieilles rengaines des hommes : la tyrannie.<br />
<br />
<br />
<br />Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-34711408538576656512012-05-07T14:10:00.000+02:002012-05-28T13:11:44.318+02:00Cosmétique républicaine<div style="font-family: inherit;">
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</div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Les lendemains d’élections sont les pires des
lundis.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">J’ai vécu la journée d’hier
comme un hui-clos pesant. Être du bon côté de la fracture numérique a un prix,
celui de la pulsion frénétique à chercher sur le net les info qu’un utilisateur
chevronné de la Toile 2.0 est sensé savoir trouver. On mourrait de ne pas
savoir.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Il fallut attendre 20h pour respirer, mais le
souffle était court. 51% alors qu’on en espérait 53, c’est avoir inconsciemment
passé quinze jours à marcher au bord d’un gouffre et ne s’en apercevoir à
l’arrivée. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Je ne vais pas revenir sur la soirée qui
suivit, le soulagement, le relâchement des nerfs, la joie de circonstance et la
fête de la Bastille. Sincères ou pas, les effusions sont légitimes un soir
d’élection. Refuser au pays le moment des passions incontrôlées et hypocrites, des
danses collectives et des chansons naïves, c’est lui refuser son cœur et sa
culture.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Mais nous sommes lundi. La course reprend. Ce
qui vient de nous arriver, nonobstant les deux semaines d’apnée et
l’inspiration salutaire d’hier soir, n’était pas une simple élection. C’était
le plébiscite organisé, esthétisé et faussement populaire de la monarchie
quinquennale sous laquelle nous vivons depuis soixante ans et qui s’assure
ainsi que « tout change pour que rien ne change. » Le système de la
Ve République s’autorise une parenthèse gauchiste pour que son essence
droitière reste intacte.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Si vous pensez que j’exagère en parlant d’essence
droitière, prenez le temps de considérer ce que vous avez vécu ces derniers
mois. La république, dont la légitimité n’est jamais remise en doute parce que
gaullienne, vous a fait choisir un homme. Vous l’avez jugé sur des notions
aussi vagues que sa « stature présidentiable », comment il pourrait
représenter la « grandeur de la France », comment il pourrait
« rassembler ». Personne ne prend la peine d’expliciter ce que serait
exactement une « stature », et peu de gens débattent sur ce qui
constitue de la France la « grandeur ». L’adjectif
« présidentiable » n’est que peu descriptif, il ne fait que désigner
celui qui aurait la dite stature – donc cet espèce de tenue aristocratique qui
donnerait ou nom le don mystique de pouvoir prétendre à la fonction suprême.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Ce champ lexical n’est pas celui de la raison.
Donc ce n’est pas celui de la République.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">C’est un vocabulaire religieux, qui fait appel
non pas au débat public, mais à des notions inexplicables que chaque individu
doit tâcher de ressentir intérieurement. Ce vocabulaire est donc, historiquement
et culturellement, monarchiste.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Après vous avoir fait voter pour ce président
mystique, on vous fait élire un Parlement. C’est la grande concession du
système, et vous noterez alors à quel point celui-ci s’en méfie. L’élection
législative n’est pas sexy, elle ne met en jeu aucun culte du chef, alors on
s’en débarrasse aussi vite que possible après la présidentielle avec comme mot
d’ordre de donner les moyens au chef de faire ce qu’il veut.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Ce système électoral, à lui seul, verrouille
idéologiquement la République – et ce, même si la gauche de gouvernement arrive
à s’y faire une place. Car, et c’est la plus belle et la plus perverse fonction
du système, cette pyramide de pouvoir est conçue pour donner le tournis à celui
qui est en haut. La Ve République est faite pour endoctriner le président
gauchiste avant qu’il ne puisse changer le système, car pour s’y faire élire,
celui-ci doit d’abord se plier au culte du chef, céder aux tentations de la
sur-personnalisation, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">et in fine</i> à la
monarchisation. Et la monarchisation, les enfants, à votre avis... Ca pousse à
gauche ou ça pousse à droite ? Poser la question, c’est y répondre.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Que la droite s’accommode aussi bien de ce
système n’a rien de surprenant : c’est <i style="mso-bidi-font-style: normal;">son</i>
système. Elle s’y sent comme un poisson dans l’eau. L’autoritarisme et la
discipline des masses lui sont idéals, et elle s’y plie le doigt sur la couture
du pantalon. Cela fait partie de son folklore.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Ca ne semble pas faire partie de celui de la
gauche, en revanche, d’où les espoirs systématiquement mis dans le genre de
victoire que les journées comme le 6 mai nous octroient. Pourtant, à chaque
fois, les sociaux-démocrates semblent se couler sans difficulté dans ce moule,
et cela ne lasse pas d’interpeler. C’est que cette étiquette
« gauche » qui regroupe à la fois le centre-gauche et la gauche
radicale est extrêmement trompeuse, les premiers s’étant fait une spécialité de
s’approprier les succès des luttes menées par les seconds – bien souvent,
d’ailleurs, contre eux. Qui se rappelle que Clémenceau était un
socialiste ? Que ceux-ci ont, en France et en Allemagne, voté les crédits
de guerre en 1914 ? Que les réformes du Front Populaire ont été imposées à
Blum par la rue ? Que c’est Jules Moch, un ministre socialiste, qui a fait
donner l’armée contre les mineurs en grève en 1948 ? Qu’en 2002, le PS
français soutenait l’adversaire de Lula au Brésil, avant de retourner
veste ? </span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">La gauche et l’extrême-gauche ont une
tradition d’alliance contre l’ennemi commun de droite. A la faveur de cela, le
public s’est habitué à faire l’amalgame entre les deux et ainsi à attribuer à
la gauche de gouvernement les succès et les luttes de la gauche radicale. Pour
analyser le PS convenablement, il faut oublier cet amalgame. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Et une fois que c’est fait, il ne reste qu’un
parti gestionnaire, héritier du paternalisme des trente glorieuses et qui a
comme vocation la conquête du pouvoir. Et c’est tout. Tout le bagage
idéologique solide de la gauche venant de son aile radicale, le centre-gauche
isolé de celle-ci n’est plus qu’une jachère politique, où ne pousse plus que
les graines que le vent dépose. C’est ainsi que le PS est devenu au fil du
temps, esclave des modes, se soumettant mollement au reaganisme dans les années
80, se concentrant sur les histoires de mœurs et abandonnant le terrain
économique dans les années 90, adhérant au blairisme dans les années 2000, n’osant
jamais faire autre chose que de suivre la pensée unique du moment.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Avec l’affaiblissement de l’extrême-gauche
dans les années 90, le PS n’avait plus personne sur qui plagier ses idées
à gauche, et plutôt que de développer les siennes, a décidé de plagier à
droite.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Et a ainsi totalement loupé le train de
l’altermondialisme, qui prend enfin son essor aujourd’hui avec la constitution
en appareils politiques efficaces des gauches radicales européennes, celles-ci
ayant fini par synthétiser elle-même ces nouvelles aspirations sociales et
écologiques. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Le PS est donc en-dehors de la vraie partie
qui se joue maintenant, et qui comme l’a écrit Lordon, se joue entre ceux qui
veulent rester dans le cadre actuel, et ceux qui ont mis au point des ambitions
de sortie de ce cadre. Et en étant en-dehors de ce combat tout en cherchant le
pouvoir, en voulant gouverner sans changer le cadre, il prend de fait le pari
de rester dans le cadre. Et, ainsi de donner raison à la formule : changer
pour que rien ne change. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">On en revient donc toujours au même
point : la Ve République est un régime pervers et doit être abattue. C’est
une république plébiscitaire, créée dans des circonstances particulières, sans
constituante, pour répondre à une situation de trouble précise. En d’autres
mots, c’est un régime qui aurait dû être transitoire. Malheureusement, ce
régime a organisé sa propre invulnérabilité en assurant l’endoctrinement de
l’ensemble des partis suspects de pouvoir le changer.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">C’est un régime qui se justifie sur un seul et
unique argument : ne pas retrouver la proverbiale instabilité de la IVe
République. Cet argument est une tromperie, car derrière l’apparence de
stabilité donnée par l’inamovibilité du Président et du Premier ministre,
combien de remaniement ministériels ? <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quid</i>
de la valse des secrétaires d’Etat ? Il ne se passe plus un an sous la Ve
République sans remaniement ministériel majeur. Quelle politique de long terme
peut être soutenue dans de telles conditions ?</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">République superficielle, république
d’apparence, la Ve République a en réalité une peur bleue du débat et du choix
démocratique. Elle installe à l’occasion de l’élection présidentielle un culte
du chef qui invite l’électeur à se prononcer non sur des idées, mais sur des
appréciations mystiques de stature et d’aura. Elle consacre le vote utile, qui
coule dans le béton la difficulté pour le citoyen de voter selon ses convictions
en lui assurant toujours la présence d’un candidat-du-pire-qu’il-faut-éliminer.
Et elle parachève le travail en faisant de l’élection du parlement, acte
démocratique fondateur, une simple formalité. Ecoutez-les vous dire « donnez
à Hollande les moyens de sa politiques aux législatives !»</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Des « moyens » ! Mais comment
ose-t-on parler ainsi du Parlement ? Voici l’élection des
représentants du peuple, siégeant en assemblée, possédant la force législative,
cette Assemblée où s’est faite et défaite l’Histoire républicaine, voici cette
élection subordonnée au plébiscite délirant d’un homme élu soit sur la base d’une
ferveur quasi-religieuse, soit par dégoût de son concurrent ! Le choix de
juin devrait être beaucoup plus important que celui de mai. Pourtant, il lui
sera accessoire. Ce n’est pas innocent : l’élection législative est la
plus démocratique et la plus symbolique de toutes, et un système aussi
intrinsèquement conservateur se doit de la désarmer.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Nous vivons dans un régime qui fuit le peuple,
qui l’humilie, qui lui interdit l’accès à sa raison et au débat non pas en le
privant d’élections, mais en faisant en sorte à chaque élection que le peuple
ait quelque chose de plus urgent à faire, comme choisir un chef, éliminer un
danger, ou donner des « moyens » au dit chef. Elle fait peser sur ce
peuple la sourde et redoutable menace, s’il ne se plie pas à ces invectives
implicites, de créer ce qu’il est convenu d’appeler « les conditions de
l’inaction », terrifiante appellation qui ne désigne ni plus ni moins que
le monde où les politiques et les citoyens oseraient discuter entre eux avant
de faire n’importe quoi. A ce titre, la Ve République est une application
frappante du sophisme néo-libérale appliqué à une institution politique : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">est légitime ce qui est efficace, est
efficace ce qui est rapide, et rien n’est moins rapide que le débat
démocratique, donc il faut limiter le débat démocratique. </i></span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Le vrai combat contre la droite n’est pas à
qui dominera cette fausse république. Il est à celui qui arrivera à la
détruire. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Nous sommes lundi matin et tout reste encore à
faire. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-71238881813335055282012-04-21T11:42:00.001+02:002012-04-21T11:52:56.288+02:00Sérieusement.Je lance un appel aux journalistes. Dites-nous que c'est un hasard.<br />
<br />
S'il vous plait.<br />
<br />
Convainquez-moi.<br />
<br />
Convainquez-moi qu'on ne doive rien déduire de l'oubli du journal Métro de remettre la photo de Mélenchon et Bashar Al Assad dans son contexte à un moment de la campagne où plus aucun démenti n'est publiable.<br />
<br />
Expliquez-moi que le tir coordonné de tous les medias de droite et de gauche contre le Front de gauche ne répondait à rien d'autre que la bonne conscience des éditocrates, et que l'oubli de mentionner le meeting de jeudi soir où nous étions 60 000 personnes tout en vantant les meetings à moins de 5000 de Bayrou et Lepen est une malencontreuse erreur.<br />
<br />
<br />
Donnez-moi les vraies raisons qui ont poussées Hollande et Sarkozy à organiser des meeting en plein air sur le modèle du Front de gauche, alors que celui-ci ne l'avait fait que par l'impossibilité financière de louer des graneds salles.<br />
Donnez-moi les vraies raisons qui ont poussé Hollande à vouloir tout d'un coup taxer les plus riches, et hier à prétendre qu'il désirait que la BCE prête aux Etats, soit deux idées tirées directement du programme de Mélenchon.<br />
Donnez-moi les vraies raisons qui ont poussé Sarkozy à vouloir poursuivre les évadés fiscaux et à remettre en cause l'indépendance de la BCE, soit eux idées tirées directement du programme de Mélenchon.<br />
<br />
Dîtes pourquoi ces deux candidats nettement en avance dans les sondages se sentent obliger d'improviser, dans la plus grande panique, des copies des idées d'un homme dont ils ne devraient avoir rien à craindre.<br />
<br />
Dîtes pourquoi Sarkozy s'est déclaré indifférent au fait que des media et réseaux sociaux violent la loi et propagent les premiers résultats en avance dimanche, comme s'il anticipait un danger qui nécessiterait de mobiliser ses électeurs en fin de journée.<br />
<br />
Dîtes-nous, expliquez-nous, convainquez-nous qu'il n'y a aucun rapport avec cette rumeur d'enquête de la DCRI plaçant Mélenchon à un point d'écart potentiel de Sarkozy dimanche soir, rumeur qui aurait fait paniquer tous les milieux bien informés (politiques et médiatiques.)<br />
<br />
<br />
S'il vous plait.<br />
Parce qu'on est samedi matin, et j'aimerais bien qu'on me convainque que l'éléphant que j'ai trouvé assis sur mon ordinateur n'est qu'une hallucination.<br />
<br />Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-12223234360286080422012-04-11T18:25:00.000+02:002012-04-19T11:10:42.385+02:00Comment quitter l'empire du Milieu<div style="font-family: inherit;">
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<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Dieu, s’il existe, saurait que j’étais plutôt programmé pour le centrisme. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Le doute systématique et la méfiance
vis-a-vis des extrêmes qui est prêché à Sciences-Po ne me prédisposait pas au
stalinisme décomplexé. Oh, j’ai toujours été de gauche, mais que voulait dire
être de gauche dans les années 2000 ? Economiquement, le libéralisme avait
conquis l’univers et ne restait comme unique champ de bataille que le terrain
des mœurs. Alors on votait contre la vilaine droite réactionnaire. Le deuxième
bulletin de vote de ma vie a été pour Chirac, pour faire barrage à Lepen. Le
troisième a été pour Bayrou, pour faire barrage à Sarkozy. Le quatrième pour
Royal, avec le même but. Avec un peu plus à chaque fois l’impression de brader
son âme.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">A la même époque, j’entrais par la petite
porte dans le monde de l’édition. Mes dernières années à Sciences-Po auprès de
professeurs désabusés m’avaient convaincu de la vanité dans la période actuelle
de l’engagement politique et journalistique auquel j’aurais pu me destiner.
Mais quand l’économie est devenue une science dure, uniquement affaire
d’expert, que le politique n’a plus d’autre problème à régler que le mariage
gay, et qu’il est de notoriété public que plus personne ne gagne sa vie ni ne
peut correctement faire son travail dans le journalisme, l’édition de BD
devient, pour un jeune homme, un métier aguicheur.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">J’ai trottiné comme ça jusqu’en 2008, quand les
banques ont explosé.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Au début, j’ai suivi ça de loin, sans penser
pouvoir comprendre ces histoires de subprime, de lémanebrozeurs et de produits
dérivés. Comme tout le monde. Je n’ai pas été surpris quand il a fallu sauver
les banques alors que l’Etat était déjà soi-disant en faillite : même
dépolitisé, je m’attendais quand même à ce que les gouvernements conservateurs,
toujours renâclant aux dépenses sociales, trouvassent miraculeusement des sous
pour leurs amis banquiers. Mais ça n’allait pas plus loin et je gardais pour
acquis, au regard de mes années d’études, de mes dizaines d’exposés et des
nombreux cours sur le sujet, que les Etats, aujourd’hui, ne pouvaient pas tout.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Et puis j’ai vu les montants donnés aux
banques, et comme tout le monde, je me suis brutalement demandé si on ne
s’était pas foutu de ma gueule pendant dix ans.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Les milliers de milliards débloqués en une
nuit ont brutalement mis par terre les bases de ma pensée unique. J’ai pris
conscience qu’il y avait quelque chose de basique, de fondamental dans cette
histoire, que je n’avais pas compris, ou pas appris.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Or la crise a cette vertu qu’en démontrant
l’incompétence des tenants de la pensée unique, elle laisse un champ libre pour
ceux qui jusqu’ici ne pouvaient que difficilement faire passer leurs analyses.
Le déclic, ce fut <a href="http://www.fredericlordon.fr/">lui</a>. Frédéric Lordon, chercheur au CNRS, tenant de l’économie
régulatrice, exprime avec un vocabulaire fleuri et une précision notariale les origines
de nos souffrances. Celles-ci avaient une explication économique qui trouvait
ses racines dans les failles essentielles du capitalisme, bien sûr, des failles
théorisées depuis longtemps par des penseurs comme Marx et Keynes. Malgré tout,
nous avions été pris par surprise comme un général français à Sedan, et c’était
là pour moi le cœur du problème.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Pourquoi, puisque tant d’analystes et de
chercheurs connaissaient les défauts du système, n’avons nous rien vu
venir ?</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Et la réponse que j’ai trouvée auprès de
<a href="http://www.fredericlordon.fr/">Lordon</a>, d’<a href="http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0CD4QFjAA&url=http%3A%2F%2Ffr.wikipedia.org%2Fwiki%2FEmmanuel_Todd&ei=43iFT4aDMqbX0QWRqLmoBw&usg=AFQjCNE9q1-JTwM_r6Cn4Yz04AZg2_L9Lw&sig2=8zb0xVPorXc-6DAC0yKqIg">Emmanuel Todd</a>, de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Sapir">Jacques Sapir</a>, des auteurs des « <a href="http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=194641.html">Nouveaux chiens de garde</a> » et de « <a href="http://www.amazon.fr/Loligarchie-incapables-Sophie-Coignard/dp/2226238603">L’oligarchie des incapables</a> » et à
travers eux de Bourdieu et de Marx a été glaçante. Tous ces auteurs ont fait
l’analyse sociologique et ethnologique des milieux professionnels des experts,
journalistes, politiques, économistes vulgarisateurs et universitaires qui
théoriquement auraient dû jouer le rôle de la sirène d’alarme dans cette
histoire. La conclusion n’était pas une théorie du complot. C’était pire. C’était une infirmité de classe. Un
aveuglement global, ontologique, d’une classe dirigeante qui fonctionne en vase
clôt depuis un bon siècle, et qui est devenue fondamentalement incapable
d’analyser objectivement le système capitaliste tant ses intérêts y sont liés
dans des réseaux professionnels, familiaux et amicaux.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">En gros je découvrais que les théories que
j’avais dans mes jeunes années classées comme certes, intéressantes et
importantes du point de vue historiographique, mais légèrement paranoïaques et conspirationistes,
s’avéraient objectivement fondées.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Et dans cette même foulée, je comprenais que
sociologiquement et idéologiquement, les socio-démocrates actuels venaient du
même moule, s’étaient à force de gouverner liés aux mêmes intérêts que les
autres. Je prenais conscience de toutes les forfaitures de la gauche modérées
dans l’Histoire du XXe siècle.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Alors la pourriture du système devient
autrement palpable. Mais j’aurais toujours pu voir ça comme un exercice de long
terme et donner dans le « réalisme » à court-terme. Continuer à soutenir
le moins pire. Voter PS quand même en espérant, lentement, faire changer les
choses. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Perdu. Il y avait la Grèce. Le grand
laboratoire du libéralisme, là où le stade ultime du capitalisme réalise enfin
son rêve : démembrer et anéantir concrètement un Etat. Ca se passe aujourd’hui.
Pas loin. Ca a commencé en Espagne et en Italie.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">En août dernier, seuls deux hommes portaient
ces inquiétudes et leurs proposaient des solutions : Montebourg et
Mélenchon (je ne compte pas Marine Lepen : les héritières
multimillionnaires machistes, racistes, islamophobes, homophobes et ultracatho
sont intrinsèquement contre-révolutionnaires, qu'elles soient néo-libérales ou pas.) </span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Montebourg est hors-course. Alors je vote
Mélenchon. J’ai décidé cela avant même de l’avoir vu sur scène, avant d’avoir
vécu la foule de la Bastille. Je vote pour le parti qui porte les idées des
économistes atterrés, ceux qui avaient tout prévu et que personne n’avait
écoutés. Je vote pour le parti de gauche qui ne parle ni de faire le
communisme, ni de se soumettre à l’économie de marché, mais de la République,
souveraine et démocratique, qu’il faut rétablir.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Pourtant je lis les journaux, je lis Jacques
Julliard dans Marianne, et j’apprends qu’en réalité, moi et les autres
électeurs du Front de gauche ne sommes
pas des électeurs mais le public d’une rock-star. J’apprends que le programme
du Front de gauche est un programme qui « donne du rêve » alors qu’il
y a un programme politique précis. Que Mélenchon « séduit la foule »
alors que les rassemblement du Front de gauche étaient pleins à craquer avant
même que les talents de tribuns de Mélenchon soient reconnus par la télé
(probablement des gens qui passaient par là par hasard.) J’apprends que nous
sommes la gauche « pas sérieuse » alors que nous avons, en premier,
chiffré les recettes et les dépenses de notre programme.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">J’ai perdu mes dernières illusions sur le
monde des journalistes. Ils voient une scène, un type qui parle, des gens qui
sont venu le voir à leur frais et qui applaudissent : c’est une rock star.
Il voient une scène, un type qui parle, et des gens à qui un parti politique a
payé le billet train qui baillent au premier rang : c’est un meeting
politique. Voilà l’étendue de leur imagination. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Deuxième étape : la rock star réuni plein
de monde en plein air. Hitler aussi réunissait plein de monde en plein air.
Donc les réunions en plein air, c’est nazi. Voilà l’étendue de leur vision
politique.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">C’est n’est même pas de la mauvaise volonté.
Ce n’est même pas de l’incompétence. C’est la bêtise pure et simple de gens qui
ont le nez dans le guidon depuis tellement longtemps qu’ils ne sont plus
habitués à penser. Ils n’écrivent plus leurs articles, ils les génèrent comme
un programme informatique génère un fichier : sans regarder ce que c’est.
Ils oublient la première leçon du chercheur : rien n’est évident, rien
n’est acquis – et le « bon sens » n’existe pas.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Et quand le candidat du Front de gauche
s’accroche avec l’un d’entre eux, ou critique le système médiatique dans son
ensemble, c’est au niveau personnel que
chacun se sent attaqué, comme le prouve la virulence des réactions. Admettre
que l’un d’entre eux puisse mal faire son travail, c’est admettre explicitement
ce secret de polichinelle qui les mine tous : plus aucun journaliste en
France n’arrive à travailler correctement, et tous le vivent mal.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Ils se réduisent à un groupe de gens qui, ne
pouvant plus accomplir ce sacerdoce qui définissait leur utilité publique, en
conçoivent une grande culpabilité et une infinie susceptibilité. Et comme
souvent, de telles personnes finissent par dire n’importe quoi.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Non, mes amis journalistes, Jean-Luc Mélenchon
ne me fait pas rêver.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Il ne me « donne pas du rêve » non
plus. Vous avez une curieuse idée du rêve.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Tolkien m’a donné du rêve. Lucas m’a donné du
rêve. Dan Simmons m’a donné du rêve, à l’époque où il écrivait des histoires au
lieu de dénoncer les étudiants palestiniens. Hergé a donné du rêve. Spielberg a
donné du rêve. Toriyama a donné du rêve.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Il se trouve que je n’ai envie de voter ni
pour Tolkien, ni pour Lucas, ni pour Hergé, mais que je vais voter pour
Jean-Luc Mélenchon. Qui, lui, ne me donne pas du rêve.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<span lang="FR">Il donne de l’espoir et de l’ambition, et les
enfants, ce n’est quand même pas la même chose. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: inherit;">
<br /></div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com16tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-70280474828345529512012-04-04T20:22:00.000+02:002012-04-04T22:02:43.811+02:00Réponse à Le Monde...<br />
<div class="p1">
Petit billet spécial, rédigé rapidement et sur un coup de sang par rapport à un chapelet d'article du Monde. Le journal centriste (donc ni de gauche, ni de gauche) a déployé un tir d'artillerie sur le Front de Gauche et son candidat aujourd'hui. Ceci est ma réponse à l'article <a href="http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/04/04/melenchon-un-programme-qui-oppose-le-volontarisme-aux-contraintes-economiques_1677946_1471069.html">ici-présent</a>, qui sous des airs de ne pas y toucher attaque maladroitement les propositions du FdG. N'étant pas abonnés au Monde et ne pouvant pas commenter l'article, je pose ici ma réaction et mes réponses.</div>
<div class="p1">
<i><br /></i></div>
<div class="p1">
<i><br /></i></div>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><i>"Le programme économique du Front de gauche, est inapplicable"</i>, <a href="http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/breve/2012/04/02/collomb-ps-juge-inapplicable-le-programme-economique-de-melenchon_1679316_1471069.html"><span class="s1">estime</span></a> Gérard Collomb. Le maire PS de Lyon fait partie des voix qui se sont élevées ces derniers jours pour <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/critiquer">critiquer</a> le manque de crédibilité supposé du projet de <a href="http://www.lemonde.fr/jean-luc-melenchon/">Jean-Luc Mélenchon</a>. Il <i>"manque de réalisme"</i> et <i>"va générer des désillusions"</i>, a <a href="http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/interview/0201981463675-francois-chereque-interpelle-les-candidats-307494.php"><span class="s1">renchéri</span></a> le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, dans <i>Les Echos</i>. A droite, Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de <a href="http://www.lemonde.fr/nicolas-sarkozy/">Nicolas Sarkozy</a>, a employé un argument similaire : le candidat du Front de gauche <i>"promet la faillite"</i>, comme en<a href="http://www.lemonde.fr/grece/">Grèce</a> et en <a href="http://www.lemonde.fr/espagne/">Espagne</a>.</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Mais M. Mélenchon rechigne à se prêter à l'exercice du chiffrage. <i>"La question a toujours été pour moi un sujet d'ébahissement. L'économie c'est de la plomberie !"</i>,<a href="http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/09/16/melenchon-defend-son-projet-2012-face-a-la-crise-de-nombrilisme-du-ps_1573631_823448.html"><span class="s1">répondait</span></a>-il, en septembre, à ceux qui lui faisaient <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/remarquer">remarquer</a> que le financement de ses propositions restait assez flou.</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Son projet (<a href="http://www.placeaupeuple2012.fr/wp-content/uploads/humain_dabord.pdf"><span class="s1">en PDF</span></a>) ne précise d'ailleurs pas le montant exact des dépenses et des recettes prévues. <i>"Un programme de ce type ne se chiffre pas aussi facilement que ça"</i>, <a href="http://www.franceinfo.fr/politique/les-invites-de-france-info/nous-irons-sous-nos-couleurs-aux-legislatives-clementine-autain-front-de-574569-201"><span class="s1">se défend</span></a> sa porte-parole, Clémentine Autain. <i>"Et les autres candidats, on leur demande autant de précisions ?"</i>, s'agace Eric Coquerel,<a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/conseiller">conseiller</a> spécial du candidat du Front de gauche</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><span class="s2"><a href="http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/04/04/http%20:%20%3Cstrong%3E//conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/lire"><b>Lire</b></a><b> aussi : </b><a href="http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/04/04/quelles-convergences-entre-les-propositions-du-front-de-gauche-et-du-ps_1680097_1471069.html"><b>Quelles convergences entre le Front de gauche et le PS ?</b></a></span>Rétablissement <i>"tout de suite"</i> de la retraite à 60 ans à taux plein, smic porté à 1 700 euros brut, remboursement à 100 % de toutes les dépenses de santé ou création de 500 000 places de crèches publiques... L'ensemble des réformes de M. Mélenchon aurait un coût pour l'Etat qui s'élèverait à plusieurs dizaines de milliards d'euros. Mais alors que <a href="http://www.lemonde.fr/sujet/6ba2/nicolas-sarkozy.html">Nicolas Sarkozy</a> ou <a href="http://www.lemonde.fr/francois-hollande/">François Hollande</a> jugent inévitable de réduire les déficits et les dépenses publiques afin d'<a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/atteindre">atteindre</a> à terme l'équilibre du budget, lui n'endosse pas l'objectif d'austérité et assume un programme dépensier.</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Côté recettes, le Front de gauche assure <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/auxiliaire/avoir">avoir</a> prévu les mesures nécessaires pour <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/financer">financer</a> ses propositions. Le montant total des dépenses étant évalué à 120 miliards et celui des recettes entre 150 et 200 milliards d'euros. Mais l'application de certaines mesures pourrait ne pas être constitutionnelle. Décryptage des principales dépenses - pouvant être chiffrées - et de leur financement.</span></blockquote>
<div class="p2">
<br /></div>
<div class="p1">
Ah bon. Je croyais qu'il n'y avais aucun chiffrage. Mince. Donc, hors relance de la croissance, et toutes choses égales par ailleurs, le Front de Gauche estime pouvoir réunir entre 150 et 200 milliards d'euros pour financer ses réformes. Donc ça va, alors, non ?</div>
<div class="p1">
<br /></div>
<div class="p1">
OUI MAIS CERTAINES MESURES POURRAIENT NE PAS ÊTRE CONSTITUTIONNELLES.</div>
<div class="p1">
<br /></div>
<div class="p1">
Là, ma tête vient de trouer la table. Est-ce que quelqu'un au Monde a remarqué que le Front de Gauche se bat depuis le début pour une VIe République ? Donc pour une nouvelle constitution ? Que ça faisait peut-être partie d'une cohérence globale ?</div>
<div class="p1">
A partir de là, tous les arguments font donc exprès de tronquer la première et principale revendication du FdG et expliquent chaque mesure sans tenir compte de ce contexte de changement de république. </div>
<div class="p1">
<br /></div>
<div class="p1">
Ouvrez le ban.</div>
<div class="p2">
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<ul class="ul1">
<li class="li4"><b><span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">La retraite à 60 ans : 40 milliards d'euros</span></b></li>
</ul>
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Le programme du Front de gauche (<a href="http://www.placeaupeuple2012.fr/wp-content/uploads/humain_dabord.pdf"><span class="s1">voir page 7 du PDF</span></a>) prévoit de rétablir le <i>"droit à la retraite à 60 ans à taux plein"</i>, en assurant une pension s'élevant à <i>"75 % du salaire de référence"</i>. La pénibilité de certaines professions sera prise en compte et donnera droit à des départs anticipés. Aucun salarié ne touchera de retraite inférieure au SMIC, est-il également promis.</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">L'ensemble de ces mesures coûteraient 33 milliards d'euros en 2017, après une montée en charge progressive de la réforme tout au long du quinquennat, selon <a href="http://www.chiffrages-dechiffrages2012.fr/propositions/melenchon-retablir-le-droit-a-la-retraite-a-60-ans-a-taux-plein"><span class="s1">le chiffrage</span></a> effectué par l'<a href="http://www.lemonde.fr/sujet/edb9/institut-montaigne.html">Institut Montaigne</a>, un cercle de réflexion libéral.</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Le Front de gauche, qui précise que <i>"le financement des retraites sera assuré en particulier par une cotisation nouvelle sur les revenus financiers des </i><a href="http://www.lemonde.fr/entreprises/"><i>entreprises</i></a><i>"</i>, ne conteste pas ce chiffrage. Au contraire. Interrogé sur les mesures pour les retraites, <a href="http://www.lemonde.fr/sujet/467b/eric-coquerel.html">Eric Coquerel</a> avance une évaluation de 40 milliards d'euros annuels. Une estimation supérieure de 7 milliards à celle de l'Institut Montaigne, groupe de réflexion libéral.</span></blockquote>
<div class="p2">
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<ul class="ul1">
<li class="li4"><b><span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Le smic à 1 700 euros brut : <i>"très cher"</i> pour l'Etat</span></b></li>
</ul>
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Dans son programme, le Front de gauche promet une augmentation du salaire minimum à 1 700 euros. Brut en début de mandat pour 35 heures, net à la fin (<a href="http://www.placeaupeuple2012.fr/wp-content/uploads/humain_dabord.pdf"><span class="s1">voir en PDF</span></a>)<i>. </i>M. Mélenchon a <a href="http://gauche.blog.lemonde.fr/2012/03/28/sur-les-terres-daubry-melenchon-defie-hollande/"><span class="s1">affirmé</span></a> que cette vieille revendication de la CGT serait la première mesure de son quinquennat et serait prise <i>"par décret".</i>Relever le smic - actuellement à 1 398 euros brut mensuels à temps plein - à ce niveau, suppose une hausse immédiate de 21,6 %, souligne <a href="http://www.lesechos.fr/journal20120330/lec1_special_presidentielle/0201979780039-smic-le-contre-pied-de-melenchon-a-la-rigueur-307712.php"><span class="s1"><i>Les Echos</i></span></a>. En net, chacun des 3,4 millions de salariés au smic toucherait ainsi quelque 1 300 euros par mois, soit 200 de plus qu'aujourd'hui. Pour <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/atteindre">atteindre</a> 1 700 euros net, il faudrait<a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/revaloriser">revaloriser</a> le smic de 5 % environ chaque année, selon le journal économique.</span></blockquote>
<div class="p2">
<br /></div>
<div class="p1">
21%, comme en 81. Et on en est mort. Ah, non, en fait.</div>
<div class="p2">
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Estimant la mesure <i>"difficile à chiffrer", </i><a href="http://www.lemonde.fr/sujet/1273/mathieu-plane.html">Mathieu Plane</a>, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), assure qu'<i>"elle coûterait très chère à l'Etat". </i>Selon lui, la mesure causerait <i>"un choc budgétaire important"</i> car elle aurait pour effet d'<a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/augmenter">augmenter</a> les allègements de charge en vigueur pour le smic.</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Aujourd'hui, environ 10 % des salariés touchent le smic et près d'un quart entre 1 et 1,2 % son montant. Partant de ce constat, l'économiste estime que la proposition du Front de gauche risque d'<a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/engendrer">engendrer</a> un <i>"important tassement des salaires"</i> et d'<a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/deuxieme-groupe/aboutir">aboutir</a> à un résultat inverse à celui recherché. Provoquant une hausse du coût du travail des emplois au smic, elle pourrait <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/augmenter">augmenter</a> le taux de chômage de ceux qui ont le moins de qualification, souligne Mathieu Plane.</span></blockquote>
<div class="p2">
<br /></div>
<div class="p1">
Il faut se relire quand on rapporte l'analyse de quelqu'un d'autre. Ce qu'a dit Plane, c'est SOIT l'augmentation du SMIC est totalement à la charge de l'employeur et les emplois non-qualifiés en pâtissent, SOIT elle est accompagnée par une adaptation de la fiscalité, notamment pour les PME, et le budget de l'Etat prend cher. Entendu que dans les deux cas, on parle de risque et non pas de mécanismes économiques certains. Or, quand on parle du SMIC, on parle d'une petite partie du secteur économique. 10% des salariés le touchent, c'est dit dans l'article. Entre 30 et 40% de ces salariés sont à temps partiels (oui, souvenons-nous que le SMIC est un salaire horaire et pas mensuel.) Sur l'ensemble des salariés payés au SMIC, 15% sont dans la réparation automobile (les garages, donc), 35% dans l'hébergement et la restauration (vous savez, le secteur qui a une TVA qui manque), 11% dans les activités immobilières, et le reste est dispatché entre les activités de service, l'administration et le BTP. Donc on parle de secteurs lourds, non-délocalisables, et d'utilité collective. Les problèmes d'ajustements à très court terme seront donc concentrés dans une partie de l'économie du pays. L'Etat français sera en mesure de s'organiser avec les entreprises pour lisser leur effort sur les premiers mois. Pendant ce temps-là, les 200 euros par mois débarqueront sur les fiches de paie des salariés dès les premiers <i>jours</i>. L'effet de boost de l'économie sera immédiat. Oh, et à ceux qui craignent une dilution de la demande dans les produits d'importation comme en 81 : mettez-vous à jour. Ce n'est plus le même pays, ce n'est plus le même niveau de pauvreté. Ce que les pauvres vont acheter avec le nouvel argent, c'est de la nourriture, du logement, bref le nécessaire qui leur manquait jusqu'ici. Pas des machine-outils allemandes.</div>
<div class="p1">
Quand à l'histoire du "tassement des salaires", j'y reviendrai à la fin de mon post</div>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Le coût serait d'autant plus élevé pour l'Etat qu'il faudrait aussi <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/revaloriser">revaloriser</a> le traitement des fonctionnaires qui gagnent aujourd'hui moins de 1 700 euros.<a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/augmenter">Augmenter</a> les 700 000 agents de la fonction publique coûterait 2 milliards par an, selon le Front de gauche. Dans le privé, la hausse des salaires entrainerait un surcoût de 10 milliards pour les entreprises, assure M. Coquerel.</span></blockquote>
<div class="p2">
<br /></div>
<div class="p1">
Effectivement, le FdG ne chiffre pas ses mesures. Sauf celles qu'il chiffre.</div>
<div class="p2">
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<ul class="ul1">
<li class="li4"><b><span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">500 000 places de crèche : 26,5 milliards d'euros</span></b></li>
</ul>
<ul class="ul1">
<li class="li4"></li>
</ul>
<ul class="ul1">
<li class="li4"></li>
</ul>
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Pour la petite enfance, le programme de M. Mélenchon <a href="http://www.placeaupeuple2012.fr/jean-luc-melenchon-repond-a-la-grande-loge-feminine-de-france/"><span class="s1">prévoit</span></a> notamment de<i>"mettre en place un vaste 'plan crèche' pour créer 500 000 places publiques d'accueil de la petite enfance pour les enfants de 0 à 3 ans".</i>Une mesure que l'on peut <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/estimer">estimer</a> à 3,1 milliards d'euros par an environ, pour un coût cumulé de 26,5 milliards sur cinq ans, selon les chiffres fournis par l'Institut de l'entreprise, qui réunit depuis 2007 une cellule de chiffrage des programmes des principaux candidats à la présidentielle.</span></blockquote>
<div class="p2">
<br /></div>
<div class="p1">
J'ai été curieux, je suis allé voir qui constituait cet anecdotique "Institut de l'entreprise", et j'ai trouvé ça :</div>
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<br /></div>
<div class="p1">
Président du conseil d'orientation : Xavier Huillard, PDG de Vinci</div>
<div class="p1">
<br /></div>
<div class="p1">
Au conseil d'orientation: Philippe Carly, Groupe Amaury. Henri de Castries, AXA. Françoise Gri, Manpower (youpi l'intérim.) Henri Proglio d'EDF, l'ami embarrassant de monsieur Sarkozy. Ernest-Antoine Seillière (après on va dire que je le fait exprès…)</div>
<div class="p1">
<br /></div>
<div class="p1">
Je passe sur le reste, qui est disponible là, si ça vous intéresse :<a href="http://www.institut-entreprise.fr/index.php?id=49">http://www.institut-entreprise.fr/index.php?id=49</a></div>
<div class="p1">
<br /></div>
<div class="p1">
Nous avons donc là un casting directement tiré de "l'oligarchie des incapables." Ces personnes sont sûrement très fortes pour accumuler du patrimoine, mais ça ne fait d'eux ni des économistes, ni des chercheurs. Au mieux des consultants. Je ne vois pas en quoi cela leur prêterait la moindre compétence pour "chiffrer" les programmes des candidats. A plus forte raison quand autant des membres de cet institut sont notoirement du bord politique opposé particulièrement à Mélenchon, et globalement à l'économie régulatrice. </div>
<div class="p1">
Et puis, merde, quoi, Ernest-Antoine Seillière ? Vraiment ? Je le croyais trop occupé à essayer de sauver Wendel des placements bidons qu'il a fait au moment de la crise des subprimes. Mais je m'égare.</div>
<div class="p2">
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<ul class="ul1">
<li class="li4"><b><span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">D'autres mesures plus coûteuses...</span></b></li>
</ul>
<ul class="ul1">
<li class="li4"></li>
</ul>
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Parmi les autres réformes les plus onéreuses pour les dépenses publiques figurent aussi le remboursement à 100 % de toutes les dépenses de santé (évalué par le Front de gauche à 40 milliards d'euros annuels), la titularisation des 800 000 précaires de la fonction publique (7 milliards), la construction de 200 000 logements sociaux par an (16 milliards) ainsi que les mesures pour l'éducation, l'<a href="http://www.lemonde.fr/enseignement-superieur/">enseignement supérieur</a> et la recherche chiffrées à 10 milliards (l'Institut Montaigne obtient un chiffre proche).</span></blockquote>
<div class="p2">
<br /></div>
<div class="p1">
Je rappelle que le Front de gauche a donné un chiffrage global de ses recettes pour financer tout ça (par les nouvelles tranches d'impôt et la taxation massive des revenus du capital.) Soit tout simplement en assumant un Etat responsable, qui arrête d'aller emprunter sur les marchés financiers parce qu'il a la pétoche de demander un impôt à ses citoyens les plus riches. Car à la fin des fins, ça se résume à ça : soit vous imposer les riches, soit vous leur empruntez, mais dans tous les cas, c'est chez eux qu'il y a l'argent. Et un Etat responsable se finance par des impôts, pas par des emprunts. Sinon ce n'est plus un Etat, c'est un marché.</div>
<div class="p2">
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<ul class="ul1">
<li class="li4"><b><span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Renationaliser et créer des nouveaux </span></b></li>
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><a href="http://www.lemonde.fr/services/"><b>services</b></a><b> publics : incompatible avec Bruxelles</b></span></ul>
<ul class="ul1">
<li class="li4"></li>
</ul>
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Le candidat du Front de gauche a également de grandes ambitions sur les services publics puisqu'il souhaite que <i>"le monopole public [soit] rétabli là où l'intérêt général le commande"</i> (<a href="http://www.placeaupeuple2012.fr/wp-content/uploads/humain_dabord.pdf"><span class="s1">voir page 13 en PDF</span></a>). Concrètement, il propose la création de onze nouveaux services ou pôle publics.</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">A <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/savoir">savoir</a> : un service public du logement, de l'habitat et de la ville (comprenant notamment un pôle public financier pour le <a href="http://www.lemonde.fr/logement/">logement</a> <a href="http://www.lemonde.fr/social/">social</a>, un pôle public de la construction et une agence nationale foncière et décentralisée), un service public de la santé, un service public de l'information et de la <a href="http://www.lemonde.fr/culture/">culture</a>, un service public du crédit et de l'épargne, un service public de l'eau, un service public de la formation professionnelle, un service public de la petite enfance, un pôle public du médicament (pour la recherche, la production et la distribution des médicaments), un pôle public bancaire et financier, un pôle national des <a href="http://www.lemonde.fr/transports/">transports</a> publics, un pôle public des <a href="http://www.lemonde.fr/actualite-medias/">médias</a> et un pôle 100 % public de l'énergie comprenant EDF, GDF, Areva et Total renationalisé.</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Mais, <i>"cette époque joyeuse"</i> où l'on pouvait <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/nationaliser">nationaliser</a> à tour de bras est terminée, pour le constitutionnaliste Didier Maus qui juge que <i>"ce qu'on a fait en 1981, 1982 n'est plus possible aujourd'hui"</i>, avec l'<a href="http://www.lemonde.fr/union-europeenne/">Union européenne</a>. <i>"L'obstacle n'est pas constitutionnel, les nationalisations sont autorisées, mais européen : la législation européenne est très anti-monopolistique et rétablir certains monopoles, comme dans les télécomes ou l'électricité, est impossible. Sauf à </i><a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/sortir"><i>sortir</i></a><i> de l'Union européenne"</i>, assure M. Maus.</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Et il n'en est pas question pour M. Mélenchon qui souhaite cependant renégocier ou <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/abroger">abroger</a> un certain nombre de règles (traités de Lisbonne, Pacte de stabilité, Pacte pour l'euro, directive Bolkestein sur la libéralisation des services...). Mais de telles renégociations unilatérales au sein de l'Union européennes ne se feront certainement pas sans heurts. Sans <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/compter">compter</a> que renationaliser tous ces services impliqueraient des indemnisations phénoménales, presqu'impossible à <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/chiffrer">chiffrer</a>. Toutefois, Jean-Luc Mélenchon pour qui <i>"la </i><a href="http://www.lemonde.fr/voyage-france/"><i>France</i></a><i> est très riche"</i>, expliquait déjà, en avril 2011 que <i>"le service public ne coûte pas cher. Ce qui coûte cher, c'est pas de service public"</i>.</span></blockquote>
<div class="p2">
<br /></div>
<div class="p1">
Ah, on en vient au fond du problème… En gros, ça ne se fera pas "sans heurts." Mais qui a déjà prétendu une chose pareille ? Croyez-vous qu'on parle de révolution citoyenne par amour du slogan ? Bien sûr, qu'il faudra convaincre. Ca s'appelle la négociation. Est-ce qu'on risque d'échouer ? Oui. Est-ce qu'on risque de braquer certains gouvernements étrangers ? Sans doute. Et donc ? Sommes-nous si frileux que ça ? L'enjeu en vaut la chandelle ! Et si nous avons le choix entre ça et le destin de la Grèce, est-ce qu'il y a à hésiter si longtemps ?</div>
<div class="p1">
L'Europe est mal construite. Tout le monde l'admet. Ce que nous proposons de faire tente beaucoup de monde, et rien ne nous dit non plus que nous ne recevrions pas de nombreux soutiens. </div>
<div class="p1">
Quand au prix des services publiques, on est sûrs que le secteur bancaire, maintenu en vie depuis quatre ans par la bonne grâce des perfusions du secteur public, sera ravi de nous retourner la faveur. De gré, ou de force par emprunt forcé. Si ça lui fait trop mal, la BCE lui imprimera la monnaie.</div>
<div class="p2">
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><b>Recette et impôt à 100 % : impose une modification de la Constitution </b>Côté recettes, le Front de gauche assure <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/auxiliaire/avoir">avoir</a> prévu les mesures nécessaires pour <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/financer">financer</a> ses propositions dans <i>"un programme qui rapporte plus qu'il ne coûte"</i> car il aurait le mérite de <i>"réinjecter de l'argent dans l'économie"</i>. La mesure pour le smic, qui aurait, selon M. Mélenchon, pour effet de <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/relancer">relancer</a> la<a href="http://www.lemonde.fr/consommation/">consommation</a>, puis la croissance, <i>"c'est 30 milliards de hausses de salaire"</i> et<i>"180 000 emplois supplémentaires la première année"</i>, <a href="http://www.leparisien.fr/election-presidentielle-2012/vrai-ou-faux-melenchon-veut-relancer-l-activite-par-la-hausse-du-smic-30-03-2012-1931250.php"><span class="s1">calcule</span></a>-t-il.</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><i>"Notre programme relancera l'activité en étant basé sur le partage des richesses, grâce à une augmentation des salaires et une réforme fiscale drastique sur les revenus du capital"</i>, assure M. Coquerel. Le montant total des dépenses supplémentaires est évalué à 120 milliards, et celui des recettes entre 150 et 200 milliards, <i>"après la mise en place de toutes les réformes"</i>, précise le <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/conseiller">conseiller</a>économique de M. Mélenchon, Jacques Généreux.</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Trois dispositifs permettraient de récupérer de l'argent. La suppression de la plupart des niches fiscales et sociales rapporterait, selon le parti, de 120 à 140 milliards d'euros; la possibilité donnée à la Banque centrale européenne (BCE) et à la Banque de France de <i>"monétiser la dette"</i> permettrait, en principe, selon le Front de gauche, d'économiser les quelque 50 milliards d'euros d'intérêts annuels générés par le recours aux <a href="http://www.lemonde.fr/marches-financiers/">marchés financiers</a>. Enfin, avec la création de neuf nouvelles tranches d'<a href="http://www.lemonde.fr/impots/">impôts</a> et d'un taux d'imposition à 100 % pour les revenus supérieurs à 360 000 euros par an et par part fiscale, le parti de M. Mélenchon espère un rendement de 20 milliards par an.</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">C'est cette dernière proposition qui pose le plus problème d'un point de vue constitutionnel, l'impôt ne pouvant être confiscatoire. D'ailleurs, la tranche à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d'euros que le candidat socialiste François Hollande souhaite créer <a href="http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/03/14/la-tranche-a-75-de-hollande-pourrait-etre-inconstitutionnelle_1667767_1471069.html"><span class="s1">court déjà le risque de l'inconstitutionnalité</span></a>.</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">La proposition du Front de gauche de <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/taxer">taxer</a> les revenus à 100 % au-dessus de 360 000 euros annuels s'entend <i>"par part"</i> et non par foyer fiscal, a précisé dimanche François Delapierre, directeur de campagne de M. Mélenchon, confirmant une information du site <a href="http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=13518"><span class="s1">Arrêt sur Images</span></a>. Cela minore donc la portée de cette mesure, qui deviendrait moins <i>"confiscatoire"</i> pour les riches contribuables.</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Avec ce mode de calcul, un couple avec deux enfants touchant au total un million d'euros par an pourrait <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/diviser">diviser</a> cette somme par nombre de parts fiscales, soit dans ce cas trois parts (deux pour les parents, une demie par enfant), souligne le site d'Arret sur images. Sur leur déclaration fiscale commune figurerait ainsi la somme de 333 333 euros, inférieure au montant duquel M. Mélenchon dit <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/vouloir">vouloir</a><i>"tout prendre"</i>.</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Mettre en place un taux d'imposition à 100 % serait <i>"un vrai risque"</i> d'après le spécialiste du droit constitutionnel <a href="http://www.lemonde.fr/sujet/0254/didier-maus.html">Didier Maus</a>, qui assure que <i>"le problème constitutionnel ne peut être évité"</i>. Mais il reste prudent : <i>"par définition, un taux à 100 % est confiscatoire mais les modalités sont très importantes pour </i><a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/juger"><i>juger</i></a><i> de la constitutionnalité. Il faut </i><a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/prendre"><i>prendre</i></a><i> en compte deux éléments : le taux mais aussi le seuil et, a priori, le seuil de 360 000 euros par an me paraît plutôt très bas..."</i>.</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Cela étant dit, de la même manière qu'il souhaite de toute façon renégocier les traités européens, M. Mélenchon veut <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/instaurer">instaurer</a> une VIe République et une nouvelle Constitution ; une manière de <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/contourner">contourner</a> le problème de l'inconstitutionnalité.</span></blockquote>
<div class="p2">
<br /></div>
<div class="p1">
MAIS. </div>
<div class="p1">
Donc je ne comprends pas, journaliste. Tu avais vu la volonté d'écrire une nouvelle constitution, journaliste. Tu savais que ton argument était caduc, journaliste.</div>
<div class="p1">
Journaliste, est-ce que tu n'aurais pas un peu lutté pour écrire le nombre de signes qu'on t'avait commandé pour ton article ?</div>
<div class="p1">
C'est la seule explication possible à cet éblouissant numéro d'acrobatie consistant à dire en début d'article que le plus gros problème est la potentielle inconstitutionnalité des mesures, et lâcher laconiquement en deux lignes à la fin que, puisque de toute façon on veut changer la constitution, ce reproche relève de la science-fiction.</div>
<div class="p1">
<br /></div>
<div class="p1">
Ou d'une certaine mauvaise foi, mais on va faire semblant que non, hm ?</div>
<div class="p2">
<br /></div>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Une augmentation du smic ne serait pas non plus aisée à <a href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/appliquer">appliquer</a> dans le privé. Invité le 25 septembre 2011 de l'émission <i>"Capital"</i> sur M6, M. Mélenchon avait convenu lui-même que sa proposition comporte <i>"des difficultés"</i> d'application, et devrait être adaptée en fonction de la taille des entreprises.</span></blockquote>
<div class="p2">
<br /></div>
<div class="p2">
<br /></div>
<div class="p1">
Oui, donc voilà, on accompagnera les entreprise, je l'ai déjà dit au-dessus.</div>
<div class="p2">
<br /></div>
<div class="p5">
<br /></div>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><a href="http://www.dailymotion.com/video/xlbbf9_jean-luc-melenchon-a-capital-sur-m6_news">Jean-Luc Mélenchon à "Capital" sur M6</a><span class="s2"> <i>par </i><a href="http://www.dailymotion.com/lepartidegauche"><span class="s3"><i>lepartidegauche</i></span></a></span></span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Face à ces réserves, le Front de gauche assume ses propositions et sa <i>"</i><a href="http://www.lemonde.fr/politique/"><i>politique</i></a><i>de relance de l'activité"</i>. <i>"Nous ne savons pas si notre projet fonctionnera, mais nous sommes sûrs que la rigueur est catastrophique"</i>, dit M. Coquerel. Selon lui, ce programme, qui <i>"détonne"</i> dans la campagne, explique en grande partie le succès actuel du tribun de la gauche radicale.</span><br />
<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Interrogé par un lecteur du <i>Parisien </i>sur le coût de sa mesure en faveur des crèches, M. Mélenchon <a href="http://www.leparisien.fr/election-presidentielle-2012/jean-luc-melenchon-je-serai-le-dernier-president-de-la-ve-republique-10-03-2012-1898923.php"><span class="s1">répondait</span></a> le 10 mars : <i>"Cela coûte des sous, oui, mais à la fin cela rapporte du bonheur."</i></span></blockquote>
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Tout ce qui est chiffrable est donc chiffré, très rigoureusement, et les dépenses sont estimées dans leur fourchette haute pour être sûr. Pour le reste, comme on n'a pas de boule de cristal, et que les prévisionnistes se trompent tous les mois, on ne s'amuse pas à faire des projections délirantes d'optimisme sur la croissance économique comme seuls arguments pour financer un programme (suivez mon regard.)</div>
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Et enfin, je voudrais dire un dernier mot sur la dernière citation de Méluche sur le bonheur, splendidement posée là pour donner l'image d'un candidat qui plane. </div>
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Ce n'est ni de l'utopie, ni de l'angélisme. C'est du réalisme sur la nature humaine, la façon dont les êtres humains mènent leur vie et leur travail, et le rôle des services publics dans cette histoire. L'erreur fondamentale de la philosophie néo-libérale vient de la sur-évaluation de l'enthousiasme extatique que la réussite professionnelle et financière est sensée procurer à l'individu, et de la mauvaise compréhension du phénomène de peur du déclassement, uniquement intégrée dans le raisonnement comme motivateur d'effort au travail. Dans cette logique, un travailleur précaire doit toujours être vigilant à l'état du monde qui l'entoure. Là encore, cela fait partie de l'idéal humain libéral : un individu motivé, fier, indépendant, attentif à toute opportunité. </div>
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Mais si nous sommes dans un monde où, hors du salaire, point de salut ? Si notre individu, perpétuellement obligé d'observer son monde, constate à chaque seconde que s'il chute, aucun filet n'existe pour le rattraper et le faire rebondir ? Il se retrouve alors dans la position d'une proie qui entend perpétuellement les bruits de course du prédateur derrière elle. Si elle s'arrête, elle est morte, et elle le sait.</div>
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C'est une situation, certe, motivante.</div>
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Mais pour lui, pas de bonheur. Jamais. Uniquement la fuite en avant.</div>
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Je termine mon analogie en revenant sur l'histoire du tassement des salaires. Passé un certain degré de destruction des services publics, le salaire n'est plus une condition de bonheur, mais uniquement de survie, quelle que soit la générosité de la paie. Avoir le plus haut salaire possible répond à une ambition négative - être sûr de ne pas mourir en essayant de distancer les autres. Ici, nul accomplissement personnel, nul épanouissement, nulle dévotion au collectif. Lequel collectif, ayant cessé de fournir à l'individu la chaleur de la solidarité, n'est plus que le groupe des autres hommes, potentiellement concurrents et prédateurs.</div>
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C'est à la nécrose de l'idée de nation que nous devons répondre en réhabilitant les services publics. Ce n'est pas un luxe. C'est LA priorité. L'argent pour le faire DOIT être trouvé. Nous pouvons exploser en essayant de le trouver. Mais nous exploserons à coup sûr si nous n'essayons pas.</div>
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<a href="http://3.bp.blogspot.com/-ZtPDfLU90jw/T2CNRY-T4WI/AAAAAAAAAtg/0Bl3VJoYBHg/s1600/20120314125802813_0004.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="640" src="http://3.bp.blogspot.com/-ZtPDfLU90jw/T2CNRY-T4WI/AAAAAAAAAtg/0Bl3VJoYBHg/s640/20120314125802813_0004.jpg" width="624" /></a></div>
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Il paraît que la Grèce va devoir quand même, encore, faire un plan d'austérité.<br />
Si, si, je vous jure, c'est écrit <a href="http://www.laprovence.com/article/eco-france-monde/athenes-doit-annoncer-plus-dausterite-dit-un-rapport-de-la-ce">là</a>.<br />
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Ces Grecs dont le gouvernement pensait avoir brûlé ses créanciers en leur "imposant" une décote de 70% du montant de leur dette. Je mets "imposant" entre guillemets parce que vous avez tous noté qu'aujourd'hui, tout placement à risque détenu par les banques est quasi-automatiquement garanti par la BCE pour éviter l'étincelle qui provoquerait la faillite générale du système bancaire. La Grèce n'a donc rien imposé à personne.<br />
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Pourtant, ayant remarqué que certains grecs se payaient encore le luxe de porter des vêtements, la troïka prépare gentiment le neuvième plan d'austérité en deux ans.<br />
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Le neuvième.<br />
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On pourrait se demander ce qu'il reste à hypothéquer au bout de huit plans. Les organes des personnes âgées, peut-être ?<br />
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La Grèce ne pourra jamais rembourser. Tout le monde le sait. Un tel déséquilibre se serait réglé dans un temps moins civilisé par une guerre ou une colonisation. Aujourd'hui, le prix du sang prend des chemins plus détournés. Il est prélevé par les agents du FMI, qui s'assurent que le pays endetté soit correctement puni pour avoir osé mettre en danger les banques occidentales. Car étant établi qu'une telle dette est irremboursable, c'est bien de punition et non de remboursement qu'il s'agit. Ce à quoi nous assistons équivaudrait pour un individu à une condamnation à vingt ans de travaux forcés... Excepté qu'un individu aurait eu droit à un juge et un avocat, qui aurait, non sans bon sens, fait valoir qu'on ne condamne pas quelqu'un aux travaux forcés pour cause d'insolvabilité.<br />
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Mais ce cas clinique, teinté de racisme et de <i>ces-feignasses-du-sud-l'ont-bien-cherché</i>, est incomparablement plus révélateur de la pathologie des bourreaux.<br />
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Il est admis par l'ensemble des économistes, une bonne majorité des hommes politiques, et même par un <a href="http://krugman.blogs.nytimes.com/2011/10/22/meanwhile-greece/">Paul Krugma</a>n qui court encore un peu, que la situation grecque est bien pire aujourd'hui qu'au début de la crise quand avait été imposée en moins d'une heure au gouvernement Papandréou la désormais proverbiale austérité. Ce qui étonne peu, étant donné que c'est précisément le remède qui a amplifié le mal. Même les plus baveux des partisans acharnés du serrage de ceinture n'en sont plus à défendre la politique menée en Grèce.<br />
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Bref, tout le monde... Sauf les gens du FMI et de la Commission Européenne, qui ne remarquent rien, pour une raison ne pouvant relever que de la science-fiction (peut-être évoluent-il dans une version alternative de l'univers où l'économie de marché fonctionne vraiment.) Nous sommes beaucoup à être sidérés par les ornières dont semblent affublés les technocrates bruxellois : appliquant une recette à la nocivité toute démontrée, ils sont incapables d'imaginer d'autre solution que de l'appliquer, encore, encore, encore et encore. On se croirait devant les médecins de Molière, saignant à mort leur patient, et le blâmant une fois mort d'un métabolisme trop faible.<br />
Mais aussi devant les notables de l'Ancien régime en 1788, voyant que tout s'apprête à partir en vrille, et n'imaginant pas autre chose que de maintenir l'ancien ordre de leur société. Par excès d'ignorance, dans les premiers moments, parce qu'on préfère d'abord établir les diagnostiques les moins gênants, tous farfelus qu'ils soient. C'est la faute du roi trop dépensier, des paysans indisciplinés, des philosophes impies, de l'Etat grec corrompu, des fonctionnaires feignants, des citoyens fraudeurs. Mais cet aveuglement ne dure qu'un temps. Le moment arrive toujours quand la réalité fracasse les dénégations désespérée et si à ce moment-là, ces messieurs refusent encore de la voir, ils franchissent le fossé qui sépare l'ignorance de la pathologie.<br />
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Encore une fois, même les plus bornés ont aujourd'hui reconnu que le problème de la Grèce et globalement de l'Europe est que, comme en 1789 en France, les riches ont voulu tout simplement <i>arrêter</i> de participer à l'effort collectif, et que la sécheresse fiscale qui en est la conséquence a forcé l'Etat à un endettement suicidaire.<br />
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Pourtant, la troïka continue de mener, tête baissée, les yeux fermés, l'Europe dans un mur. Est-ce parce que les belles gens qui les dirigent sont si effroyablement imbus d'eux-même qu'ils trucideraient le monde plutôt que reconnaître leurs torts ? Un peu comme au FMI, où les chercheurs ont pour instruction de taire<a href="http://alternatives-economiques.fr/blogs/chavagneux/2011/07/08/que-vaut-la-recherche-des-economistes-du-fmi/"> l'inefficacité de la politique de la maison même quand celle-ci leur crève les yeux</a> ?<br />
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Quelque soit la psychose sous-jacente, elle est indiscutablement spectaculaire.<br />
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Des messieurs en costumes, les uns derrière les autres, emplissant et remplissant le tonneau des Danaïdes, et qui, ne sachant ni s'imaginant faire autre chose, ne peuvent pas plus arrêter leurs gestes mécaniques que ces bons vieux <a href="http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=RK_Px1h3304#t=368s">balais</a>...<br />
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<br />Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-23620925670358030352012-02-28T18:43:00.000+01:002012-02-28T18:41:50.630+01:00Le syndrome de StockholmJ'entends dire, ici où là, les choses les plus folles sur l'état d'esprit de mes compatriotes alors qu'ils sont sur le point de se trouver suffragement sollicités.<br />
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Il paraîtrait, par exemple, qu'il reste des gens qui vont voter Sarkozy, parce qu'après-tout-lui-ou-un-autre-c'est-pareil.</div>
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Oui, paradoxalement, retourner sa veste d'électeur parce que son poulain a commis une ou deux petites erreurs constitue une sortie du placard relativement accessible. Mais pour assumer la colossale colonne de conneries que le petit Nico laisse derrière lui sans tirer la chasse, il faut avoir un minimum de tripes. Nombreux sont ceux qui prefèreront re-voter pour le con plutôt que de reconnaître qu'ils se sont fait entuber la dernière fois. </div>
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Ou alors, c'est un énième avatar du syndrome de Stockholm dont l'homme moderne semble être devenu si friand.</div>
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C'est en tombant sur un twit singulier que le légendaire trouble comportemental scandinave s'est imposé dans mon esprit. Ce message clapotait dans le raz-de-marée de protestations pulsionnelles vaguement maîtrisées qui avait suivi, hier, la déclaration de François "Mimolette" Hollande. Le potentiellement présidentiel coulant avait, dans un accès de fièvre bolchévique qu'on ne lui avait jusqu'ici que peu diagnostiquée, annoncé qu'il allait taxer à 75% toute part supplémentaire d'un revenu supérieur à un million d'euros. Et, pendant qu'une holocauste de hurlements indicibles embrasait le jardin médiacratique (on murmure même que le martyre <a href="http://www.rue89.com/rue89-presidentielle/2012/02/28/aphatie-au-secours-des-riches-face-hollande-premiere-229762">Aphatie</a> aurait renoncé à construire sa troisième piscine), je vis passer un tout petit twit tout discret, murmuré par une petite jeune fille.</div>
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"Moi, quand même, ça me ferait chier si on me prenait 75% de mon salaire pour le donner à un Etat qui le gaspillerait."</div>
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C'est là que j'ai pensé au syndrome de Stockholm. Et à la plus grande réussite de la droite en quarante ans.</div>
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Ce n'est pas la financiarisation massive de la société et les profits gigantesques qu'en ont tiré ses candidats et les amis de ses candidats.</div>
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Ce n'est pas l'ambiance de méfiance généralisée où chaque passant se demande si le type qu'il croise dans le métro va l'éviscérer ou pas.</div>
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Ni même la ringardisation massive des notions de maîtrise par les Etats de l'économie (vous savez, ces idées qui ont assurées après la guerre trente ans de développement économique quasiment sans aucune crise.)</div>
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Non, le vrai chef-d'œuvre, c'est ça : avoir refilé le syndrome de Stockholm aux 99% des plus pauvres, en les faisant s'identifier aux 1% des plus riches. Depuis le début des années 80, par la télévision, par les journaux, par l'omniprésence culturelle qui constiture ce fameux <i>soft power</i> cher aux idéologues américains, on a instillé en chacun de façon subliminale l'idée qu'un jour, lui aussi sera millionaire, même si ses parents ne lui lèguent que des dettes, même s'il n'y a aucun espoir de promotion dans sa boite, même s'il a des gosses à regarder grandir.</div>
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Avec la télé-réalité, qui met en scène les pires imbéciles et montre au reste de la Terre que le monde des riches et des media est prêt à accueillir les pires caricatures du peuple s'ils sont tirés au sort.</div>
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Avec les encouragements à devenir proprio, quitte à s'endetter sur trente ans, pour que l'illusion de la richesse permette au pauvre d'oublier qu'il est pauvre.</div>
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Avec le crédit généralisé, qui utilise cette illusion pour enrichir encore plus les riches - éloignant d'autant plus la vie fantasmée de la réalité, dans une vertigineuse spirale de foutage de gueule.</div>
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Avec des arnaques comme le statut d'auto-entrepreneur et des slogans comme "soyez patron de votre vie." </div>
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Et, bien sûr, les exceptionnels cas avérés de veinards ayant réussi, avec des combinaisons de boulot, de chance, de talent et souvent d'arrivisme, à se hisser sur le piton resserré des un pour cent qui dominent.</div>
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Le problème, c'est que "faire croire que", à long terme, ça ne va pas très loin. Et que quand la croyance s'arrête, il ne reste que la réalité. Et la réalité, on la trouve sur le blog d'Olivier Berruyer :</div>
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<a href="http://www.les-crises.fr/inegalites-revenus-france-1/">http://www.les-crises.fr/inegalites-revenus-france-1/</a></div>
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<a href="http://www.les-crises.fr/les-inegalites-de-patrimoine-en-france-1/">http://www.les-crises.fr/les-inegalites-de-patrimoine-en-france-1/</a></div>
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Jeune fille qui compatit avec une générosité toute suédoise à la spoliation des pauvres citoyens qu'on se propose de taxer s'ils gagnent plus d'un million d'euros, tu peux te rassurer : tu ne seras <i>jamais</i> concernée. Parce que tu ne seras <i>jamais</i> des leurs. Parce que tu ne viens pas d'une des deux cents familles qui gardent les plus grandes fortunes de France depuis les années trente.<br />
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Et dans le fond, tu sais pourquoi tu ne seras jamais des leurs ? Parce que la condition même de l'existence de leur patrimoine est la non-existence du tien. Parce que leur richesse ne vient pas de leur travail, pas de leurs efforts présents rémunérés pour leur apport à un projet collectif, mais de leur capital. Et que le capital, c'est du travail fait par d'autres, accumulé, immobilisé et dont l'acquéreur extrait une rente. </div>
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Tu comprends bien, jeune fille, que si tu commençais à gagner plus d'argent avec ton travail, c'est autant de perdu pour le capital qu'ils en tireront.</div>
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Non ma chère, ta seule chance d'être riche est d'arriver à t'emparer d'un peu de capital. C'est à dire, d'un peu du travail des autres. Que tu exploiteras à ton tour.</div>
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Ta seule chance de gagner, c'est de devenir comme eux.<br />
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Ou sinon, tu peux redescendre sur Terre, et trouver que ce système est dégueulasse. Tu peux estimer en ton âme et conscience que personne, personne ne mérite ni n'a besoin de plus de trente mille euros par mois. Tu peux te rendre compte qu'il n'y a aucun ruissellement des richesses depuis le haut, que les très riches ne rendent <i>jamais</i> l'argent, et que la misère dans laquelle nos pays se débattent alors que notre patrimoine globale a doublé en trente ans en est la preuve éclatante.<br />
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Tu peux revenir à la raison et utiliser les urnes pour faire pencher la balance vers ceux qui veulent le limiter une bonne fois pour toutes, interdire les écarts de salaire trop grands, taxer les revenus du capital, et poursuivre les évadés fiscaux. N'ai pas peur du vote. La démocratie est structurellement conçue pour permettre au peuple de siffler la fin du jeu quand il le désire.<br />
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Fonce, ma grande. Et si tu hésites, regarde où flotte le drapeau rouge.<br />
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Et la présence à la court présidentielle d'un voyou n'est ni exclusive aux régimes de droite, ni à la république française. Non, pour activer plus nettement le corollaire de Howitz, il faut chercher les nids. Un seul fasciste qui traîne, ça arrive. </span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Par contre, pour qu'ils arrivent à s'agréger légalement, il faut un système.</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Donc, je voulais parler du groupe <i>Occident</i>.</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Cette organisation est aujourd'hui rangée dans la bibliothèque des anecdotes historiques vaguement pointues mais secondaires. On en prend connaissance par amour des vieilles histoires, mais sans intention de s'y attarder longtemps.</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Et c'est tellement dommage, tant il est vrai que certains détails de l'histoire ressemblent à des pyramides enterrées : on commence par un étroit sommet, et plus on fouille, plus on trouve d'improbables masses de pierres. Jusqu'à découvrir la base qui soutient tout l'édifice.</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Occident était un mouvement d'extrême-droite, fondé en 1964 par de pimpants lycéens parisiens. Comme ces jeunes gens avaient des tas de choses intéressantes à dire, ils estimèrent judicieux de choisir comme porte-parole un monsieur Pierre Sidos, qui faisait parti des fondateur du groupe. Comme tu as autre chose à faire dans la vie que d'entendre parler de Pierre Sidos, cher lecteur, je vais te faire un résumé rapide du bonhomme. D'abord, sont côté modéré: il a été sympatisant de l'OAS et incarcéré pour ça. Avant la création d'Occident, il s'était essayé à la création de groupuscules aux noms aussi chantants que Parti nationaliste ou Jeune Nation.</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Quand au versant plus musclé de sa personnalité, il s'était épanoui alors qu'il était haut responsable de la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Milice_fran%C3%A7aise">Milice</a> sous l'Occupation, après avoir fait ses armes dans le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_franciste">francisme</a>.</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Voilà pour l'inspiration intellectuelle. Très vite, Occident, sous la poussée de ses plus jeunes militants, s'engagea dans la lutte contre la gauche en reprenant sienne la formule du célèbre démocrate Suharto : "tuer les communistes partout où ils se trouvent." Il n'est pas question de se battre sur la scène des élections démocratiques, car ils se tiennent au-dessus de ce peuple aviné qu'ils méprisent encore ouvertement. C'était un temps où l'extrême-droite avait au moins le cran de pousser ses arguments et prônait la prise de pouvoir par les "élites" et les "meilleurs".</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Le groupe Occident n'a, bien sûr, jamais eu le plus petit début de moyen de déclencher autre chose que des tabassages à la sortie des facs. C'est ainsi qu'en 1967, un petit groupe d'entre eux, après avoir salement amoché des étudiants sur le campus de Rouen, se sont vus invités par la marée-chaussée à bien vouloir coopérer, si possible avec les mains sur la tête et contre la voiture. </span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Ca a du leur faire bizarre, aux policier en question, quand ils ont vu des décennies plus tard arriver aux affaires les plus-si-jeunes Alain Madelin, Patrick Devedjan ou Gérard Longuet.</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Tous les hommes de l'UMP ou anciennement du RPR n'ont pas fait Occident. Mais combien d'amis, de camarades de classes, de beau-frères ? De sympatisants discrets ?</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Les intéressés se sont défendus, plus tard, non seulement en diminuant leurs rôles respectifs, mais surtout en faisant d'Occident une simple organisation de jeunes un tantinet conservateurs et traditionalistes. Et là, j'aimerais que vous réfléchissiez sur les inspirations intellectuelles et historiques, les prétention idéologiques de l'organisation. </span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Et répondez sincèrement : pouvait-on la qualifier par un autre terme que néonazi ?</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Voilà où je veux en venir sur la droite à laquelle nous faisons face en ce moment. De Gaulle et les siens, qu'on pense être l'essence de la droite républicaine en France, n'ont été qu'une parenthèse. Un voile. La droite, la vraie droite, celle qui vient des beaux quartiers et des vieilles familles, non pas celle qui vote mais celle qui se fait élire, vient de là. C'est dans cette boue qu'ils ont poussé. Ce sont ces idées qu'ils ont entendues chez eux, avec leurs parents, avec leurs amis. Sous le gaullisme dont ils ont eu la peau, une marée n'a jamais cessé d'écumer et a attendu discrètement, à l'abris des média, dans les rallye, dans les dîner, dans les écoles privées et les cours de catéchisme. Une idéologie bien plus vieille et résistante.</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">La droite qui hurlait "plutôt Hitler que le Front populaire" et qui qualifiait la défaite de 40 de "divine surprise" pour la seule raison qu'elle leur permettrai d'abattre la République.</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">La droite qui a organisé la bataille contre l'école laïque pour rendre la transition aussi dure que possible au début du siècle.</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">La droite qui disait "Dreyfus est innocent ? Peu importe !"</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">La droite qui faisait fusiller les communards en 1871 et élever le Sacré-Cœur pour commémorer l'exploit.</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">L'éternelle contre-révolution, les derniers relents du vieil ordre aristocrate qui en vérité ne s'est jamais pensé comme faisant partie du peuple, mais comme destiné à régner au-dessus de lui.</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Le parti de Claude Guéant, maintenant qu'il a éliminé ses derniers restes gaullistes, n'est plus que l'héritier de ceux qui ont toujours voulu la mort du peuple. Ceux qui ont lutté contre l'invention des droit de l'homme, mais les utilisent aujourd'hui pour diaboliser les musulmans en oubliant qu'ils en avaient, eux, été les premiers ennemis. Ceux qui acceptent que le peuple de France perde une guerre, soit occupé et humilié si ça leur permet d'en prendre le contrôle et qui acceptent, aujourd'hui, qu'il soit livré en pâture aux créanciers privés.</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;">Ils sont les engeances d'une longue lignée d'oppresseurs qui n'ont jamais cru à la légitimiré du peuple. A ce titre, monsieur Létchimy a été trop tendre en se limitant à parler de leurs exploits du XXe siècle. Ceux qui trouvent qu'il exagère feraient bien de regarder dans leurs livres d'histoire ce qu'est réellement la droite historique européenne depuis trois cents ans.</span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: 'Trebuchet MS', sans-serif;"> Et sur ce qu'elle promet de redevenir en Europe.</span></div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-84276484512288096292012-02-08T09:28:00.000+01:002012-02-28T15:33:39.251+01:00Les civilisés de la barbarie 1/2Sur la scène publique, une sottise succède à l'autre et n'est repoussée dans les coulisses que par celle qui la suit. Le bal est habituel et l'indignation, routinière.<br />
Que voulez-vous, on s'accommode de tout.<br />
<br />
Même de Claude Guéant.<br />
<br />
On lui fait la bonne grâce de qualifier de "dérapage" un laïus sur les civilisations qui ne fait qu'administrer une preuve supplémentaire que lui et les hommes de son parti n'ont d'élites que le nom, et masquent sous des cravates bien choisies une bécassinesque inculture. En vérité, c'est par pure politesse que le beau monde s'en est offusqué, alors que tous nous pensions : "tiens, une connerie de plus."<br />
<br />
C'est alors que l'histoire connut son deus ex machina. Monsieur Letchimy, un député martiniquais affilié PS, avec une certaine dose de naïveté et une maladresse incontestable, a contre-attaqué en connectant Claude Guéant aux proverbiales "heures les plus sombres de notre histoire." La foule hilare des journalistes parisiens, qui a depuis enfin assimilé l'humour du net, a hurlé au point godwin, et les indignés de la veille furent les sur-indignés du lendemain. Ainsi, la mise à jour certes ingénue du contenu nauséabond de la phrase valu à son auteur l'opprobre amusée du public.<br />
<br />
Eh bien ces messieurs ont là une occasion rêvée d'élargir leur compréhension de la loi de Godwin, en étudiant le corollaire de Howitz :<br />
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<blockquote class="tr_bq">
When people invoke Godwin's Law in the face of a serious, relevant argument about Hitler or Fascism made with evidence and citations, it reflects their own inability to respond rationally to the claim being made and thus they should be deemed to have lost the discussion.</blockquote>
<br />
En gros, il y a pire que de commettre un point Godwin : c'est de dénoncer un faux point Godwin. Car si la comparaison se trouve par hasard être justifiée, alors l'analogie ne clôt pas le débat : elle en lance le vrai départ.<br />
<br />
Oh, il ne s'agit pas d'établir que Claude Guéant ait été un exécuteur franquiste dans sa jeunesse. Cela n'a pas été le cas, et de toute façon, ce n'est pas le sujet, car Claude Guéant n'est rien en lui-même. Rien d'autre qu'un énième rouage d'une vieille machine droitière qui, ayant clôt la parenthèse gaulliste, est en train de renouer avec ses racines religieuses, maurrassiennes et contre-révolutionnaires.<br />
<br />
Je voudrais pas cafeter. Mais connaissez-vous Patrick Buisson ?<br />
<br />
Non ?<br />
<br />
C'est dommage, ce monsieur gagne à être connu. Il est l'ingénieur principale de la politique sécuritaire de ce gouvernement que nous aimons tous, et à titre personnel, a l'oreille de Nicolas Sarkozy. Il a été derrière la création de l'inoubliable ministère de l'identité nationale et d'une manière générale, c'est lui qui théorise depuis de longues années la récupération de l'électorat du Front National par l'UMP.<br />
Vous me direz, qu'est-ce qu'il y connait, en Front National, ce monsieur de l'UMP ?<br />
<br />
Eh bien, vous allez rire. Monsieur Buisson est un ancien journaliste ayant partagé sa jeunesse entre les journaux <i>Minute</i>, le <i>Crapouillot</i>, ou encore des feuilles aussi recommandable que <i>Valeurs actuelles</i>.<br />
Il fut ensuite l'auteur d'un album photo sur Jean-Marie Lepen, en 1984, une époque où il fallait des convictions bien assumées pour s'acoquiner avec un borgne encore marginal sur l'échiquier politique. Ce monsieur de bon goût a ensuite loué ses services de conseiller pour les campagnes de De Villiers, de Bayrou, de Madelin.<br />
<br />
Cet homme est celui à qui on a payé les fameux sondages Opinion Way l'année dernière.<br />
<br />
Cet homme est le patron de la chaîne <i>Histoire</i>.<br />
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Cet homme, en ce moment, souffle ses idées au Président de la République. Et quand les élyséennes oreilles ont fini d'assimiler cette fange fascisante qui macère depuis quarante ans, c'est sur le bureau du ministre de l'intérieur qu'elle atterrit. Bureau qui supporte, pour encore au moins deux mois, des étiquettes, des tampons et des cartes de visite au nom de C. Guéant.<br />
<br />
Alors, vous pensez toujours que les accusations de Letchimy sont infondées ?<br />
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Au fait, êtes-vous familiers de l'ancien mouvement Occident ? Vous allez voir, on va continuer à rigoler.<br />
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<br />Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5355816352802992037.post-54482851574069540202012-02-07T19:54:00.000+01:002012-02-07T19:54:45.011+01:00Et la légitimité, nom de dieu ?<br />
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<b id="internal-source-marker_0.7047947209794074"><span style="font-family: Calibri; font-size: 15px; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">La légitimité. Voilà la vraie prise de tête. </span></b></div>
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<span style="font-family: Calibri;"><span style="font-size: 15px; white-space: pre-wrap;"><br /></span></span><span style="font-family: Calibri; font-size: 15px; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Qui est légitime pour écrire ? Pour aborder quel sujet ? Comme beaucoup, j’ai passé longtemps à cogiter, à échafauder des théories sur tout et n’importe quoi. J’ai, dans ma petite tête, sauvé le monde un nombre incalculable de fois, je l’ai arraché aux aliens, aux nazis, aux terroristes religieux et à d’inhumains corporatistes. Mais j’ai toujours eu la peur embarrassante du clavier et du texte qui donne corps à ces fantasmes, et qui ce faisant, menace de les dévoiler dans toute leur fatuité et leur vanité.</span><br /><span style="font-family: Calibri; font-size: 15px; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Les géants dont on rêve deviennent, couchés sur le papier, dérisoires et rampants. L’épreuve de la relecture revêt alors le caractère humiliant de celle, idoine, d’entendre après enregistrement sa propre voix qu’on imaginait pas si chevrotante et fausse. L’ego se fige alors d’horreur et se flagelle, piteusement, d’avoir osé imposer une telle médiocrité au monde.</span><br /><span style="font-family: Calibri; font-size: 15px; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">C’est là qu’on est sensé devenir adulte et cesser d’avoir peur du ridicule. Une force se nourrie d’un peu de désenchantement, d’abnégation, et du peu d’arrogance que l’expérience nous permet d’acquérir. Elle nous donne l’élan pour sauter l’obstacle. Elle nous donne ce qu’il faut de désespoir pour accepter le risque ultime : celui d’avoir l’air bête.</span><br /><span style="font-family: Calibri; font-size: 15px; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Dont acte. Je suis bientôt trentenaire, et il est temps de grandir.</span><br /><span style="font-family: Calibri; font-size: 15px; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Ecrivons.</span></div>Anonymoushttp://www.blogger.com/profile/14586820920092501161noreply@blogger.com0